Tunisie : prêt de la BAD pour sécuriser l’approvisionnement en céréales

Un prêt, encore un prêt ? C’est à croire que les Tunisiens ne savent pas gagner leur vie à la sueur de leur front. Alors, ils recourent à leur drogue préférée : l’argent des autres, quitte à le payer ensuite chèrement et à hypothéquer l’avenir de leurs enfants et petits-enfants.  

En effet, il ne se passe pas une semaine sans qu’un nouvel accord de prêt soit signé par l’un des membres du gouvernement. Le dernier en date d’un montant global de 87,1 millions de dollars (l’équivalent de 267,56 millions de dinars) servira à financer le projet d’appui au développement inclusif et durable de la filière céréalière (Padific). Il a été signé, mercredi 19 juillet 2023, à Tunis, par le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saied et la directrice générale adjointe du bureau régional de l’Afrique du Nord de la Banque africaine de développement (BAD), Malinne Blomberg.

Lors de la cérémonie de signature, le ministre a fait savoir que ce prêt, dont le remboursement se fera sur 24 ans («Ya min âch», comme disent les Tunisiens) avec une période grâce de 5 ans, permettra d’augmenter les capacités de stockage stratégique de céréales, pour passer de deux à trois mois de couverture des besoins et ce, à travers la réhabilitation et la modernisation des silos portuaires de Radès et de Bizerte, la création d’un nouveau silo à Djebel Djelloud et la relance du transport céréalier par voies ferrées.

L’objectif étant de contribuer à garantir à court terme, avec le concours des autres partenaires au développement dont la Banque Mondiale (BM) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), un approvisionnement sans rupture du marché local en blé tendre et orge.

Le ministre a, par ailleurs, souligné que le projet Padific revêt une importance particulière, en termes d’investissements inclusifs et durables, ciblant l’amont et l’aval de la filière céréalière, une filiale dont on se rend compte, aujourd’hui, qu’elle se porte mal, très mal, ce qui nous vaut des pénuries de pain et de longues files d’attente devant les boulangeries encore ouvertes.

En plus des actions classiques visant l’amélioration de la production et la productivité céréalières, telles que le conseil agricole, la formation des agriculteurs gérés par la Banque tunisienne de solidarité (BTS), le Padific appuiera, aussi, des jeunes pour le développement de cinq startups dans la valorisation des sous-produits de la céréaliculture, indique le ministre. Et de rappeler que cet accord s’inscrit dans une logique de consolidation des résultats du Projet d’appui d’urgence à la sécurité alimentaire en Tunisie (Pausat), également financé par la BAD, qui vise à renforcer la résilience de la filière céréalière tunisienne face aux chocs extérieurs et aux changements climatiques, tout en sécurisant l’approvisionnement en céréales dans un contexte exceptionnel marqué par une crise alimentaire mondiale induite principalement, par la guerre en Ukraine et une sécheresse persistance.

Cette sécheresse, a dit le ministre, a réduit la récolte à 250 000 tonnes de céréales contre un besoin national annuel de 3,4 millions de tonnes, et cela on fait semblant de l’avoir découvert aujourd’hui. Et l’on se demande ce qui serait advenu de nous si les bailleurs de fonds internationaux n’ont pas volé à notre secours en anticipant les pénuries que nous vivons aujourd’hui dans notre pays et que ces chers ministres n’ont pas vu venir.

La directrice générale adjointe du bureau régional de l’Afrique du Nord de la BAD a déclaré que les résultats escomptés de ce projet se refléteront par une production additionnelle estimée à 1,6 million de quintaux de blé dur et 1,2 million de quintaux d’orge ainsi qu’une diminution des pertes liées au stockage après la récolte qui générera des gains évalués à 115 000 quintaux de céréales.

Ainsi, le Padific aura un impact réel sur la sécurité alimentaire des populations notamment vulnérables dont l’alimentation est basée essentiellement, sur les produits à base de céréales ainsi que sur les acteurs de la chaîne de transformation (minoteries, boulangeries, pâtisseries…). Il impactera aussi bénéfiquement l’alimentation du cheptel et la production animale, a-t-elle ajouté, soulignant que ce projet aidera la Tunisie, qui importera cette année 95% de ses besoins en céréales, à faire face aux impacts de la crise mondiale sur les prix des denrées céréalières ainsi qu’aux sécheresses. 

I. B. (avec Tap).

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