Tunisie : Kaïs Saïed s’attaque à la corruption au sein de la BNA Bank

Lors de sa visite inopinée au siège de la Banque nationale agricole (BNA Bank) à Tunis, jeudi 14 septembre 2023, le président Kaïs Saïed a évoqué, avec les responsables de cette banque publique, le thème qui lui tient le plus à cœur depuis quelque temps : la corruption financière qui gangrène l’économie nationale

C’est la seconde visite inopinée à cet établissement bancaire en moins d’un an pour évoquer avec ses responsables certaines violations de la loi dans des transactions passées avec des opérateurs économiques, et pour déplorer ce qu’il qualifie de gaspillage de l’argent public, alors que les petits agriculteurs, aux prises avec la sécheresse, voient leurs demandes de prêt ignorées.   

Selon une vidéo diffusée par la présidence, Saïed a indiqué que la Commission tunisienne des analyses financières  (CTAF) va examiner à la loupe les transactions effectuées par la BNA, ajoutant sur un ton menaçant que chacun assumera ses responsabilités.

L’objectif de la création de cette banque était de soutenir le secteur agricole et les petits agriculteurs, mais les fonds sont prêtés à un certain nombre de personnes et d’entreprises parfois sans aucune garantie, a déploré le président, qui a évoqué un dossier de prêt d’environ 24 millions de dinars attribué à une personne sans aucune garantie, soulignant que cette personne a bénéficié de ce prêt au cours de l’année en cours, dans une accusation limpide à ses interlocuteurs.

La banque accorde de nouveaux prêts aux mêmes personnes pour payer les intérêts d’une dette antérieure et non pour payer la dette principale, tandis que les petits agriculteurs empruntent à des conditions injustes, a expliqué le président qui, au-delà des éléments du dossier évoqué, semble ignorer l’existence des crédits revolving auxquels recourent fréquemment certaines entreprises pour se refinancer.

Le président n’a pas cité les noms des personnes ayant profité des prêts de complaisance. On saura qu’il s’agit d’un opérateur économique à Tataouine et d’un journaliste…

«Comment accorder des millions de dinars de prêts alors que les petits agriculteurs se plaignent de la situation, notamment avec le manque de pluie cette année ?», a répété Saïed, affirmant que cela ne pouvait plus durer.  

«Nous sommes responsables de chaque centime dépensé de largent du peuple tunisien et nous sommes en guerre contre la corruption, et nous la combattrons avec tous les citoyens honnêtes qui doivent sunir pour assainir ladministration et le pays», a-t-il insisté.

Le chef de l’Etat a également indiqué que la Tunisie est aujourd’hui appelée à récupérer les fonds pillés et déposés à l’étranger, «alors comment peut-on continuer à piller largent de lintérieur et on dit alors que l’Etat est au bord de la faillite».

La Tunisie est capable de surmonter les difficultés avec ses propres capacités et ses choix indépendants, «mais elle a besoin dêtre assainie», a encore souligné le chef de l’Etat, notant que de nombreux acteurs mettent des obstacles aux investisseurs au nom de la loi, qui ne doit pas être un obstacle à la création de richesse.

En réponse aux critiques du président, les deux responsables lui ont demandé de les protéger des pressions auxquelles ils sont soumis, en réitérant leur détermination à mettre la banque au service de l’économie nationale et du projet présidentiel des «charikat ahlya» (entreprises coopératives ou communautaires).

I. B.

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