Le tourisme tunisien peine à retrouver les performances de 2010

C’est ce qui ressort de l’analyse rétrospective des performances du secteur touristique tunisien (1962 à 2019), réalisée par l’ONTT, l’INS et la BCT et présentée lors du Forum Ibn Khaldoun pour le Développement (FIKD) qui s’est déroulé à Tunis le 15 avril 2020. 

Par Habib Glenza

Ceux qui suivent de près la situation du secteur touristique tunisien seraient bien inspirés de prendre connaissance de cette excellente analyse rétrospective (Conjoncture T3 2017 forumibnkhaldoun.org) avant d’accepter les yeux fermés les chiffres triomphalement annoncés par les responsables du secteur. 

La conclusion de l’analyse rétrospective des performances du secteur touristique de 1962 à 2019 prouve que la saison touristique 2023 est loin d’être une année référence ou record au niveau de la recette nominale en devises.

Des chiffres manipulés

En effet, nous avons blanchi et nourri, cette année, 9 millions de touristes pour 2 000 millions d’euros, alors qu’en 2010, 7 millions de touristes internationaux ont rapporté 2 459 millions d’euros et en 2007, les recettes s’élevaient à 2 754 millions d’euros pour 7 millions de touristes étrangers! Il y a donc plutôt eu une grande perte de valeur.

Le directeur des études et de la coopération à l’ONTT, Aymen Rahmani, aurait été plus crédible s’il avait lu l’analyse que l’ONTT a elle-même présentée au FIKD en 2020 avant de déclarer à l’AFP, que «l’année 2023 est une année record pour la dernière décennie». Le chiffre en dinars qu’il a indiqué est le résultat d’une multiplication des recettes en euros par le taux de change actuel de 3,39 DT pour un euro, sachant que la recette en devises est le seul indicateur pertinent.  

Si vous multipliez les recettes en devises pour les années 2007 et 2010 par ce même taux de change, les recettes en devises seront respectivement de 9 337 millions de dinars (MDT) et 8 336 MDT. Ces deux montants sont largement supérieurs au montant de la recette de 2023 qui est de 6 780 MDT. 

Voici par ailleurs, conclusion de l’analyse rétrospective présentée lors du colloque du FIKD : 

La Tunisie en perte de vitesse

La Tunisie peine à retrouver le niveau de la recette nominale en devises de l’année 2010 et se trouve en totale perte de vitesse par rapport aux pays concurrents du sud de la Méditerranée comme le montre le tableau ci-après : 

En 1995, les recettes touristiques de la Tunisie dépassaient de 10% celles du Maroc et représentaient le double de celles du Liban et de la Jordanie. 

En 2010, les recettes touristiques de la Tunisie représentaient près deux tiers de celles de la Jordanie, moins de la moitié de celles du Maroc et près du tiers de celles du Liban. 

En 2018, l’écart s’accentue davantage avec un niveau de recettes représentant moins du quart de celles du Maroc et du Liban et à peine le tiers de celles de la Jordanie. 

Enfin, il est à signaler que la dépense moyenne du touriste international en Tunisie a été en 2018 de 226 dollars contre 356 dollars en 2010. Un tel niveau est à comparer à une dépense moyenne par touriste en 2018 de 1200 dollars sur le plan mondial, de 4 200 dollars au Liban, de 1 200 dollars en Jordanie et de 600 dollars environ au Maroc.

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