L’économie tunisienne peine à prendre le chemin d’une reprise soutenue  

Les conséquences de la guerre en Ukraine ont ébranlé une timide reprise économique post-crise sanitaire en Tunisie. Le taux de croissance pour 2023 s’est établi à 0,9% contre 1,8% initialement prévu par le ministère des Finances, souligne le «Bilan de l’activité boursière en 2023», publiée vendredi 29 décembre 2023, par la Bourse de Tunis.

Le document parle d’une régression économique de 8,7% en 2020, suivie d’une reprise de la croissance de 4,5% en 2021 et de 2,8% 2022, qui reste très faible pour garantir une réelle reprise des emplois. Cette croissance atone est due à plusieurs facteurs, notamment la faible pluviométrie pendant une période assez longue, qui a impacté la productivité agricole et s’est traduite par un recours sans précédent à l’importation de produits agricoles, puis la persistance de la stagnation du rythme de la production des industries extractives (phosphate), qui a privé l’Etat de revenus supplémentaires en devises, et enfin la réduction de la demande émanant de la zone euro, affectant principalement les industries manufacturières.

Une reprise contrariée

En 2023, «l’économie tunisienne devrait bénéficier de la bonne tenue des deux secteurs qui ont su se démarquer : le tourisme et les industries mécaniques et électriques», note le rapport, qui s’empresse de mettre un bémol en ajoutant que malgré une bonne saison touristique marquée par des flux financiers importants des expatriés tunisiens visitant le pays, la situation est resté plus compliqué dans notre pays en comparaison avec les autres pays du monde. D’autres facteurs ont eu en effet des conséquences négatives, comme la sécheresse aiguë et son impact sur la production agricole, les pressions inflationnistes dues à un creusement du déficit commercial, le déséquilibre budgétaire de l’État et le resserrement des financements extérieurs.

Cette situation difficile a retardé la reprise de la chaîne productive de l’économie nationale, a indiqué l’Institut national de la statistique (INS), ajoutant que la croissance économique a enregistré une baisse de 0,2% au cours du 3e trimestre 2023 par rapport à la même période de 2022, contre une croissance de 1,8% et 0,6% au cours des 1er et 2e trimestres 2023.

«Il est important de noter que les pressions inflationnistes affichent une tendance à la hausse sans précédent depuis les années 1990. Cette tendance est alimentée principalement par la hausse des prix internationaux du pétrole et des produits agricoles importés par la Tunisie. Au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, l’inflation moyenne en Tunisie a atteint 9,7% contre 7,8% au cours de la même période de 2022. Cette hausse est provoquée par l’augmentation du taux de variation des prix des produits alimentaires et de ceux des services», signale le rapport.

Concernant les échanges commerciaux de la Tunisie avec l’étranger, les exportations ont augmenté de 7,6% au cours des 11 premiers mois de 2023, contre une hausse de 24% au cours de la même période de 2022. Tandis que les importations ont enregistré une baisse de 3,7% contre une hausse de +33% au cours de la même période de l’année 2022. Cela a entraîné une réduction du déficit commercial à un niveau de -16.543 millions de dinars (MDU) contre -23.296,5 MDT au cours de la même période de 2022, le taux de couverture gagnant 8,1 points par rapport à la même période de 2022 pour s’établir à 77,2%.

Dette, inflation et dépréciation du dinar

Concernant les dettes publiques, le rapport du ministère des Finances a révélé que les dettes extérieures tunisiennes représentent 57,7% de la dette globale (dont 55,6% en euros) qui a atteint 119,193 milliards de dinars à la fin août 2023.

Le niveau prévisionnel de la dette globale de l’Etat atteindrait un montant de 139,976 milliards de dinars, ce qui représente 79,8% du PIB en 2024, contre un taux de 80,2% prévu en 2023.

«Conséquence de cette situation, la pression sur les finances publiques continue sur une tendance ascendante. De ce fait, les charges en devises de la dette extérieure en 2024 sélèveront à 12 314 MDT, avec des dettes extérieures supplémentaires attendues pour 16 445 MDT au cours de lannée 2024», indique le même document.

Quant au dinar tunisien, son taux de change a enregistré, au cours des 9 premiers mois de 2023, une dépréciation de 3,2%, en moyenne par rapport à l’euro, et de 1,1% par rapport au dollar américain.

D’après Tap.

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