CAN Côte d’Ivoire: chef d’œuvre en péril ou en devenir ?

La phase de poules de la CAN 2023 ajournée à 2024 vient de se terminer. Les matchs à élimination directe se présentent de manière imminente. Fracassante serait-on tentés de dire. Alors, qui en sera la grande gagnante : l’Afrique Noire ou l’Afrique du Nord ?

Par Jean-Guillaume Lozato *

Deuxième tour d’une grande compétition liée au football international. Nous y sommes arrivés. Les joueurs de certaines nations y sont parvenus. D’autres non. Au terme de bien des rebondissements cette année. Élimination prématurée de l’Algérie, et de la Tunisie. Passage de justesse pour la Côte-d’Ivoire évoluant pourtant à domicile. Blessure de Mohamed Salah pour l’Égypte. Surprise cap-verdienne…

Au vu de tous ces ingrédients, nous sommes en droit de nous demander si ce phénomène va persister ou bien si un semblant de logique va revenir. Avec des interrogations sur les résultats à venir, favorables au monde subsaharien ou au monde maghrébin.

Une phase de groupe indécise jusqu’à la fin

L’instabilité a été la grande révélation de ce premier tour de la Coupe d’ Afrique des Nations.

Conséquemment, le tableau des huitièmes de finale s’assimile à une composition originale. Avec un derby Guinée Équatoriale-Guinée. A noter que nous avions rappelé dans nos colonnes, avant le début officiel de Côte-d’Ivoire 2023, l’intérêt représenté par cette formation dont le danger avait été minimisé par bien des observateurs. Et en plus elle se met à marquer des buts en rafale comme face au pays hôte (4-0)! Puis vient Mauritanie-Cap Vert. Les tombeurs des Algériens contre la grande révélation de la phase de poules. Ce qui signifie que les quarts de finale contiendront au moins deux équipes qui n’auront rien à perdre.

Tout cela est le résultat d’une série de rencontres où méforme, aléas climatiques, qualité des terrains aléatoires mais aussi arbitrage parfois dysfonctionnel se sont conjugués. Le spectacle a été au rendez-vous mais l’impact physique a été limite. Tout comme la tension ambiante, comme à l’issue du match opposant les Congolais au Marocains. A remarquer que ces derniers ont été les seuls à avoir montré un visage performant et régulier en terminant premiers et invaincus dans leur groupe. Constante à attendre pour la suite ?

Du dramatique au tragique

L’amertume des éliminés a côtoyé la joie des qualifiés en ce dernier tiers du mois de janvier.

Cette fois-ci, à partir de ce weekend, l’intensité augmente. La tragédie s’invite sur la scène footballistique avec la sévérité des matchs à élimination directe, potentiellement renforcée par l’introduction des séances de tirs aux buts. On passe d’une ambiance d’examens de passage à celle de l’oral éliminatoire d’un concours régi par l’intransigeance d’un jury pléthorique.

Le premier gros match sera le duel entre le Nigeria et le Cameroun. Jeu physique contre jeu plus technique, à l’assise physique et athlétique pas négligeable non plus, pour résumer le profil des deux équipes. L’imposant contre le spectaculaire. Pour l’amour du beau jeu et l’intégrité physique des sportifs de haut niveau, souhaitons la victoire camerounaise…

Foot noir ou maghrébin ?

Le Maroc endosse désormais le costume ô combien flatteur de favori arabe, voire africain. Ceci est susceptible de motiver comme de paralyser les esprits par l’excès de pression. Les Lions de l’Atlas comptent des joueurs d’expérience (Hakimi, Ziyèche…) mais aussi des plus jeunes (Adli, Richardson, Kaabi, El Khanouss…). Leur sélectionneur se repose sur un travail de consolidation et de transmission.

Évoluant à domicile, les Ivoiriens, très irréguliers et qualifiés grâce aux Marocains à l’avantage de la différence de buts, n’ont toutefois pas dit leur dernier mot. Les Éléphants, sous l’impulsion de Boga et Sangaré auront à cœur de battre le Sénégal, plus prenable aux penalties en cas de prolongations.

Si l’Égypte a éprouvé des difficultés, elle a montré qu’elle avait du répondant offensif, contrairement à ses homologues nord-africaines venues d’Algérie et de Tunisie. Faire un score 2-2 trois fois de suite n’est pas courant. A supposer que Mohamed Salah revienne en huitième ou à partir des quarts, alors là tout risquera de basculer. Heureusement que les Pharaons comptent Elneny pouvant colmater les brèches d’une défense peu inspirée à gauche et sur la révélation Omar Marmoush.

En l’absence du Ghana et de son attaquant Kudus, certains crient au soulagement. Un peu trop vite, puisque la Guinée équatoriale a prouvé qu’elle n’était pas venue faire de la figuration. Avec un collectif mieux huilé que la surprise capverdienne, cette équipe a les moyens, non pas forcément de remporter le titre final, mais d’éliminer une équipe d’Afrique Blanche pour parvenir en finale.

Quant au Mali, il dispose d’un excellent gardien en la personne de Djigui Diarra, homme qui pourrait être décisif pour qualifier son pays aux tirs aux buts…

Pour résumer, les hiérarchies ont été bousculées autant dans le Maghreb qu’en Afrique subsaharienne.

Ce week-end va être passionnant. Entre, d’une part, la certitude de voir des équipes originellement modestes accéder aux quarts de finale donc obtenir un sésame de candidature au dernier carré. D’autre part, avec des grosses équipes traditionnelles se livrant des duels qui déboucheront sur la présence d’au moins trois de leur représentantes. 

En dehors de la condition physique, cela va se jouer sur des détails, des approximations exploitées avec fugacité par l’adversaire…

L’Afrique du Sud, qui a prouvé qu’elle n’était pas arrivée là par hasard, rencontrera le Maroc précédé de sa réputation de quatrième du Mondial Qatar 2022. Si les Bafana Bafana veulent percer, ils devront chercher à créer le jeu dans le dos de cette défense maghrébine. Tandis que les joueurs venus du Royaume de Sa Majesté Mohammed VI (à qui les supporters ivoiriens ont rendu un vibrant hommage!) ont un avantage à exploiter pour contrecarrer les avancées des équipes noires africaines encore en lice : le fait de savoir déployer un jeu en triangle le long de la ligne de touche, un peu comme lors du deuxième match de leur poule, et un peu comme ont fait les Tunisiens lors de certaines phases de jeu contre le Mali.

Au niveau des individualités, attention à l’énergie agressive du relayeur de la RD Congo Pickel, au coup d’œil de son coéquipier Mbemba. Un œil aussi sur Marmoush et Salah, les deux Egyptiens qui pourraient terminer respectivement meilleur buteur et meilleur passeur du tournoi. Le Marocain Kaabi pourrait marquer de la tête, en prolongations par exemple. A moins que Koita (Mali) ne leur vole la vedette. Le Cameroun, lui, pourra s’appuyer sur Nkoudou en avant, avec pourquoi pas un appui de Magri non pas sur le côté mais plus en soutien pour tromper le camp adverse ? Sous le regard de leur coéquipier Castelletto qui tient tellement bien la baraque en défense.

Alors, une finale synthétisant à la fois l’acquis et le surprenant est-elle envisageable ? Du type Maroc-Guinée équatoriale ? Ou encore dans une version Cameroun-vainqueur du huitième Angola-Namibie ? 

* Universitaire et analyste de football.

Le programme TV complet des 8es de finale de la CAN 2024

Samedi 27 janvier

18 h : Angola – Namibie sur beIN Sport 1

21 h : Nigeria – Cameroun sur beIN Sport 1

Dimanche 28 janvier

18 h : Guinée équatoriale – Guinée sur beIN Sport

21 h : Égypte – RD Congo sur beIN Sport

Lundi 29 janvier

18 h : Cap-Vert – Mauritanie sur beIN Sport

21 h : Sénégal – Côte d’Ivoire sur beIN Sport

Mardi 30 janvier

18 h : Mali – Burkina Faso sur beIN Sport

21 h : Maroc – Afrique du sud sur beIN Sport

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