Gaza : Doctor Joe et Mister Biden

À l’heure où l’administration Biden veut faire entendre une musique selon laquelle de profonds désaccords plombent les relations entre les États-Unis et Israël, le Wall Street Journal a fait des révélations qui montrent que dans les actes, c’est tout le contraire qui se produit. Le narratif officiel destiné à la consommation médiatique ne correspond en rien à la réalité des actes. Décryptage.

Par Imed Bahri  

Selon le journal Al-Quds, le Wall Street Journal a révélé que l’administration du président américain Joe Biden avait rejeté les propositions visant à activer un ensemble de mesures légères à l’encontre d’Israël visant à lui envoyer un message de mécontentement.  

Ces mesures auraient inclus que les produits fabriqués dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée exportées aux États-Unis ne puissent plus être étiquetés comme «fabriqués en Israël» et une autre dans laquelle les États-Unis reconnaissent que les colonies en Cisjordanie enfreignent le droit international. Si elles avaient été prises, ces mesures n’auraient rien de révolutionnaire mais juste marqué un retour à la situation ante-Trump car avant l’arrivée au pouvoir de ce dernier, les produits fabriqués dans les colonies de Cisjordanie n’étaient pas étiquetés «fabriqués en Israël» mais dans les colonies. Quant à la seconde mesure, elle aurait juste reconsidéré les colonies comme illégales car c’est le secrétaire d’État de l’administration Trump, l’évangélique ultra-sioniste Mike Pompeo qui a annulé la politique connue sous le nom de «Document Hansel» que l’administration américaine suivait depuis 40 ans selon laquelle les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens enfreignent le droit international. 

Des responsables américains ont déclaré également au WSJ qu’ils envisageaient également d’imposer des sanctions à deux membres influents du gouvernement de Benjamin Netanyahu en l’occurrence le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir.

Les responsables américains ont déclaré que l’ensemble des mesures auraient permis d’envoyer un message fort de mécontentement mais en fin de compte l’administration Biden n’a pas voulu et n’a imposé des sanctions qu’à quatre colons israéliens largement inconnus tempérant encore une fois la réponse de l’administration Biden concernant la sanglante guerre israélienne menée à Gaza depuis plus de quatre mois.

Décidément, le président à la mémoire qui flanche retrouve toute sa lucidité quand il s’agit de soutenir inconditionnellement Israël et devient rusé comme un renard en servant à l’opinion publique surtout l’aile gauche du parti Démocrate et l’opinion internationale, excédée par la violence et les crimes interminables d’Israël, un discours laissant entendre qu’il est en froid avec les responsables israéliens et que les relations israélo-américaines seraient proches de la rupture, alors que dans les faits il refuse la moindre sanction aussi timide et aussi symbolique soit-elle contre Israël. 

Encore plus d’armes américaines à Israël

Pire, un autre article publié par le Wall Street Journal, vendredi 16 février 2024, citant des responsables américains actuels et anciens, affirme que l’administration Biden se prépare à envoyer des bombes et d’autres armes à Israël qui renforceront son arsenal militaire, même si les États-Unis cherchent à parvenir à un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Ils souhaitent un cessez-le-feu mais continuent de nourrir l’ogre israélien insatiable d’armes, allez chercher la logique!  

Le journal américain a indiqué que l’envoi d’armes proposé comprend des bombes  MK-82 et des munitions d’attaque directe conjointe KMU-572 qui ajoutent un guidage précis aux bombes et des détonateurs de bombes FMU-139, ajoutant que la valeur de l’envoi est estimé à «des dizaines de millions de dollars».

Le rapport citant un responsable américain indique que l’administration américaine étudie toujours cet envoi proposé et le responsable a déclaré que les détails de la proposition pourraient changer avant que l’administration n’informe les dirigeants du Congrès qui doivent approuver l’envoi.

L’administration a été critiquée pour avoir continué à fournir des armes à Israël surtout avec des accusations croissantes que les armes de fabrication américaines sont utilisées dans des frappes qui ont tué ou blessé des civils palestiniens.

Le comble du cynisme criminel

Il convient de rappeler que durant ce mois de février, alors qu’il est raconté que les relations israélo-américaines traversent une mauvaise passe, les États-Unis ont reçu une délégation de haut rang du ministère israélien de la Défense et ont autorisé la vente d’avions de chasse dernière génération dont des F-35, épisode sur lequel nous sommes longuement revenu dans l’article intitulé «L’Occident affame les Palestiniens et gave Israël d’armes». Et comme si tout cela ne suffisait pas, le week-end dernier, week-end du Super Bowl, dimanche 11 février se déroulait la finale du championnat de football américain où toute l’Amérique est mobilisée pour ce grand rendez-vous annuel, le Sénat convoque une séance plénière dimanche soir pour voter le plan d’aide à Israël, à l’Ukraine et à Taïwan concocté par l’administration Biden.

Israël empoche 14 milliards de dollars! Biden se réjouit et exhorte Chambre des représentants (chambre basse du Congrès américain) de faire de même et de voter le plan le plus rapidement possible. 

En définitive, les déclarations du genre «Il y a beaucoup de victimes à Gaza» faite par Joe Biden la semaine dernière ou celle très mesquine prononcée par son secrétaire d’État Antony Blinken à Davos le mois dernier «Chaque jour mon cœur saigne pour les victimes de Gaza» sont destinées à la consommation médiatique car «s’émouvoir» sur le sort des victimes civiles palestiniennes et après refuser la moindre sanction timide à l’endroit d’Israël, lui verser des milliards de dollars et lui envoyer plus d’armes pour pilonner davantage Gaza et massacrer plus de Palestiniens est le comble du cynisme et illustre le décalage entre le discours médiatique de Doctor Joe et les actes de Mister Biden.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.