Skander Ounaies : «En Tunisie, l’argent existe, mais il est mal utilisé» (Podcast)

Les autorités tunisiennes ne cessent de se féliciter du fait qu’elles parviennent à payer leurs dettes extérieures et intérieures. Mais au-delà de cet auto-satisaction, il y a un revers de la médaille que les économistes se doivent de relever. Podcast.

Dans un entretien avec la radio Express, l’économiste Skander Ounaies a révélé ce revers de la médaille. «La Tunisie paye ses dettes, c’est une bonne chose. L’Etat a demandé 700 millions de dinars et a réussi à collecter le double, c’est-à-dire 1400 millions de dinars. C’est bien également. Cela montre que l’argent existe, mais est-ce qu’il va où il doit aller, c’est-à-dire vers l’investissement?», s’interroge-t-il. Et de constater que le taux d’endettement extérieur de la Tunisie s’est élevé à la fin du premier trimestre 2024 à 156% par rapport à ce qu’il était un an auparavant. Et tout cet argent emprunté n’est pas orienté vers l’investissement créateur de richesses et d’emplois, mais il sert à financer les dépenses de l’Etat, c’est-à-dire les salaires, les frais de gestion, les subventions, etc. Et cela fait peser de nouvelles menaces et ouvre le pays à tous les scénarios, estime Skander Ounaies.

L’endettement en soi n’est pas une mauvaise chose, encore faut-il que l’argent emprunté soit bien utilisé pour relancer une machine économique en panne avec un taux de croissance de 0,4% en 2023. Ce n’est malheureusement pas le cas actuellement en Tunisie, pays déjà très endetté (+85% de son PIB) et qui continue d’emprunter de l’argent à gauche et à droite pour financer le train de vie faramineux d’une administration publique prolifique (plus de 650 000 salariés dans un pays qui serait mieux géré avec seulement 500 000), souvent inefficace et parfois même paralysante.

Le problème, ce n’est pas la situation en tant que telle, qui n’est pas irréversible et peut être corrigée à tout moment par des décisions moins populistes et plus courageuses. Le problème réside dans le fait que les autorités ne semblent pas en être conscientes et continuent de gérer le pays avec la même désinvolture autosatisfaite.   

I. B.

 

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