Qui est l’escrimeur Farès Ferjani qui a offert, hier, samedi 27 juillet, à la Tunisie, la première médaille aux Jeux olympiques de Paris 2024, en décrochant l’argent ? Dans un portrait des cousins Farès (26 ans) et Ahmed Ferjani (23 ans), publié avant cet exploit, RFI parle d’une «affaire de famille» qui a amené ces deux jeunes sportifs à vivre «une expérience unique dans le très sélectif milieu sportif universitaire américain».
«Basés à New York, sur le campus de l’université de Saint John’s, les sabreurs de Tunis profitent pleinement de leur expérience, et accumulent les bons résultats en NCAA», écrit le média français, qui rappelle que l’escrime est dans l’ADN familial des Ferjani. Et cite Farès : «C’est LE sport pratiqué par quasiment toute la famille. Il y a une passion familiale pour ce sport ! On a voulu suivre l’exemple des anciens, et on est tombé dedans rapidement étant petits».
Après avoir enchaîné les titres de champions d’Afrique en jeunes, en individuel et en équipe, Farès a disputé les Jeux olympiques de 2016 à Rio, et le jeune Ahmed s’est inspiré du parcours de son cousin, qui s’est retrouvé à la croisée des chemins en 2017. Cette année là, il a reçu des offres de bourses des États-Unis. Et à 18 ans, il a rejoint New York et la faculté de St. John’s.
Le début d’aventure a été difficile, mais le rêve américain n’a pas tardé à devenir une réalité. «Quand je suis arrivé, je ne parlais pas un mot d’anglais, raconte Farès. J’ai choisi St. John’s car je voulais m’entraîner sous les ordres de la légende ukrainienne, l’un des meilleurs coaches de l’histoire, Yuri Gelman. Mais ça a été très dur pour moi, surtout lors de la première année, j’ai dû m’adapter à un contexte et un climat différent. J’ai galéré, mais ça m’a servi à grandir».
Ahmed rejoindra son cousin en 2021 à New York et s’acclimatera plus rapidement au contexte américain. «Je pouvais aller à Paris, car j’avais étudié au campus de Paris-Dauphine à Tunis, mais Farès et Yuri m’ont convaincu de venir ici», raconte le cadet. «Il y a eu quelques moments de doute, comme tout le monde le vit, mais je pense que l’expérience de Farès m’a été grandement bénéfique pour m’adapter plus vite à ma nouvelle vie», ajoute-t-il.
Les deux jeunes sabreurs progressent comme jamais dans un contexte universitaire américain ultra structuré, où les athlètes s’entraînent comme des professionnels et enchaînent les compétitions, de New York à Philadelphie, en passant par Chicago, Boston et Los Angeles. «Ici, il y a tout! Un niveau incroyable, des infrastructures de top niveau, et des kinés, des encadrements qui te mettent dans les meilleures dispositions pour exploiter ton potentiel, certains campus, comme celui de Notre Dame et Harvard par exemple, ont des meilleures infrastructures que celles que l’on voit dans les meilleurs centres d’entrainement en Europe» souligne Ahmed. Et ajoute : «C’est vrai que notre vie est intense, entre les cours, les voyages pour les tournois et on a un emploi du temps très chargé toute l’année, admet Ahmed, on n’a quasiment pas de temps pour soi, on est tout le temps concentré sur le fait de travailler. On s’entraîne deux fois par jour, on a une pression qui vient naturellement du cadre universitaire avec notre statut de sportif, donc des ‘‘privilégiés’’ car on n’a pas payé nos études (ndlr : une année à St. John’s coûte environ…32 000 dollars). Il faut faire le travail, et être carré, tout le temps». Cela finira par payer…
En allant à Paris 2024, Farès, qui a déjà participé à deux JO, en 2016 (25e du tournoi en sabre) et 2020 (20e), n’avait qu’un seul rêve : marcher sur les pas de sa compatriote Inès Boubakri, première Tunisienne de l’histoire à remporter une médaille olympique en escrime, le bronze, aux Jeux de Rio 2016. Il a finalement fait mieux qu’elle en remportant l’argent et, surtout, en battant en demi-finale l’Egyptien Ziad El-Sissi, médaillé de bronze en sabre individuel aux Championnats du monde 2023 à Milan et numéro 1 mondial, sur le même score qui l’a vu s’incliner en finale devant le sud-coréen Oh Sang Ok.
I. B.