Corruption : Henchir Enfidha dans le collimateur de Kaïs Saïed (Vidéo)

Comme la plupart des biens publics, les terres domaniales ont toujours été très mal gérées et ce diagnostic ne date pas d’aujourd’hui, mais rien ne semble avoir été fait pour arrêter l’hémorragie. Il ne fallait pas plus pour que le président Saïed s’y intéresse de près et monte au créneau. Vidéo.

Après la visite effectuée récemment à Henchir Echaâl, à Sfax, les enquêtes ouvertes pour corruption et les arrestations effectuées parmi ses cadres et employés, le président de la république Kaïs Saïed s’est intéressé à Henchir Enfidha, à Sousse, lui aussi propriété de l’Office des terres domaniales (OTD) relevant de l’Etat, et dont la gestion laisse aussi à désirer. Et c’est le moins que l’on puisse dire…

Le chef de l’Etat, qui poursuit sa guerre contre les réseaux de corruption, a choisi le jour de célébration de la Fête de l’Arbre, dimanche 10 novembre 2024, pour se rendre à ce complexe foncier et agricole dédié à l’alimentation animale, à l’élevage de volailles, de bovins et d’ovins, et à l’arboriculture avec l’exploitation de dizaines de milliers d’oliviers, sans oublier une station de conditionnement des produits destinés à l’exportation.

Lors de sa visite, Saïed a constaté des actes de vandalisme et de destruction systématiques des infrastructures et équipements de cette immense ferme étatique, désormais réduite à l’état de ruines. Et, comme à son habitude, il a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire pour identifier et traduire en justice les responsables de l’appropriation illégale des biens publics et de l’exploitation des efforts des travailleurs. De nouvelles arrestations sont donc en vue, et des poursuites judiciaires… qui sont devenues l’essentiel de l’actualité nationale.

Le domaine d’Enfidha est à l’origine une propriété de Sadok Bey qui l’offre à son grand vizir, Kheireddine Pacha. Lorsqu’il quitte la Tunisie pour Constantinople, ce dernier vend le domaine d’une superficie de près de 100 000 hectares à une société marseillaise de crédit qui le rebaptise Enfidaville. La tentative des autorités tunisiennes de bloquer cette vente est vue comme un facteur contribuant à la décision du gouvernement français de placer la Tunisie sous protectorat en 1881.

Le domaine est plus tard vendu à la Société franco-africaine et Enfidaville devient le centre d’un domaine s’étendant sur 1 200 km2  dévolu à la culture des céréales, des olives, de la vigne et à l’élevage, où des colons européens vivaient aux côtés des Tunisiens.

Après l’indépendance du pays, le domaine a été nationalisé et sa gestion confiée à l’OTD qui sera créé entre-temps. Mais sa gestion laissait tellement à désirer qu’il a beaucoup perdu, au fil du temps, de son aura et de sa… rentabilité.

Le président Saïed, qui s’est souvent inscrit en faux contre toute tentative de privatisation des biens publics, pense que l’abandon dont souffrent ces biens est prémédité dans le but de les dévaloriser pour les céder ensuite à des privés. Et c’est dans le cadre de cette lutte contre la corruption qui gangrène l’Etat que s’inscrivent ces visites impromptues, mais soigneusement organisées, et qui sont suivies d’enquêtes et de poursuites judiciaires.   

I. B. 

 

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