Décès de Guem, un maître des percussions (vidéo)

Paris, 22 janvier 2021. Une lumière s’éteint, mais son écho résonne encore à travers les tambours et les danses. Abdelmadjid Guemguem, connu sous le nom de Guem, est parti, laissant derrière lui une œuvre magistrale et une empreinte indélébile dans le monde de la musique.

Né en 1947 à Batna, dans les Aurès algériens, Guem est un enfant du rythme. Sa jeunesse, bercée par les percussions traditionnelles et les chants de sa terre natale, lui a forgé une sensibilité unique. Mais ce fils du vent avait plus d’une corde à son arc : percussionniste, danseur, et même footballeur talentueux. Il incarne un foisonnement artistique et une passion brûlante pour la vie.

Son arrivée en France, au début des années 1970, marque un tournant décisif. Paris devient son terrain de jeu, son laboratoire créatif.

Guem, le jeune homme qui frappait ses peaux dans des bals populaires à Barbès, séduit rapidement par sa virtuosité et sa présence magnétique. C’est au Centre américain de Paris qu’il rencontre des artistes tels que Steve Lacy et Michel Portal, avec lesquels il tisse un dialogue musical entre jazz et percussions.

Mais Guem ne se contente pas d’accompagner : il innove, il crée. Ses compositions, construites uniquement autour des percussions, bouleversent les conventions. En 1978, Guem et Zaka propulse son talent sur la scène internationale. Le morceau Le Serpent, devenu culte, en est la quintessence : hypnotique, vibrant, intemporel.

Une quête infinie de sons

Voyageur infatigable, Guem explore les rythmes du monde, du Brésil à l’Afrique. Chaque pays visité enrichit sa palette sonore. À Rio, il enregistre O Universo Ritmico de Guem, un dialogue musical entre les racines africaines et l’énergie brésilienne. Plus tard, il collabore avec des DJ, ouvrant ses compositions aux sons électroniques et aux remix.

Guem avait cette rare capacité de faire des percussions un langage universel. Ses «mains d’or», «aux mille doigts», racontaient des histoires, exprimaient des émotions et rapprochaient les cultures.

Au-delà de la scène, Guem était un passeur, un enseignant passionné. «Le rythme c’est la vie, et le rythme appartient à tout le monde», aimait-il répéter. Dans ses cours, il mêlait percussions et danse, montrant que ces deux arts sont inséparables. Les générations qu’il a formées sont innombrables, et son héritage continue de vibrer dans chaque frappe de tambour, chaque pas de danse.

Une vie, un rythme éternel

Guem a également célébré Paris, sa ville d’adoption, dans un album unique, Mon Paris (2011), où chaque arrondissement résonne d’un rythme singulier. Pour cet homme du monde, Paris incarnait la diversité et la beauté universelle qu’il recherchait dans son art.

Le 22 janvier 2021, le rythme s’est arrêté. Mais l’œuvre de Guem, elle, demeure, intemporelle et vivante. À chaque battement de tambour, à chaque mouvement de danse, c’est son âme qui revit, éclatante, généreuse, universelle.

Merci, Guem, pour cette mélodie inoubliable que tu as offerte au monde.

Djamal Guettala

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