Les «barbechas» tunisiens et la concurrence des migrants subsahariens

Dans une enquête intitulée «Les collecteurs de plastique en Tunisie luttent contre la crise et l’afflux de migrants», l’agence AFP donne voix à ces hommes et ces femmes qui fouillent les poubelles pour collecter les bouteilles en plastique à revendre aux centres de recyclage, et qui doivent désormais faire face à la concurrence des migrants subsahariens sur cette activité informelle, exténuante et mal rémunéré.

«Face à des opportunités d’emploi limitées, à une inflation galopante et à un chômage élevé, des milliers de Tunisiens se sont tournés vers la collecte du plastique pour survivre», écrit l’agence, qui voit dans le développement de cette activité le «reflet de l’aggravation de la crise économique en Tunisie et des défis migratoires croissants.»

«Un kilo de bouteilles en plastique ne rapporte que 0,5 à 0,7 dinar tunisien, soit moins de 0,25 dollar», rapporte l’agence qui cite

Hamza Chaouch, président de la Chambre nationale des collecteurs de déchets recyclables, estimant à 25 000 le nombre de collecteurs de plastique en Tunisie, dont environ 40 % dans la capitale. «Nombre d’entre eux sont aujourd’hui des travailleurs, des retraités et des agents de nettoyage qui complètent leurs revenus, face à la hausse constante du coût de la vie», ajoute l’AFP.

Le taux de pauvreté en Tunisie qui dépasse 15 %, le taux de chômage autour de 16 % et l’inflation dépassant 5,4 % pousse davantage de personnes vers cette activité informelle qui attire de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne, dont beaucoup sont bloqués en Tunisie après avoir échoué à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.

Ce qui crée une concurrence entre les collecteurs locaux, appelés aussi «barbechas» (fouilleurs) et les travailleurs migrants qui n’a pas encore dégénéré en violence, mais cela ne saurait tarder.

Des responsables de centres de recyclage ont cru avoir trouvé la solution en refusant de travailler avec les «barbechas» subsahariens, mais cela ne semble pas avoir dissuadé ces derniers qui, pour la plupart, n’ont pas d’autres sources de revenu, les autorités ayant interdit le travail des migrants irréguliers.

I. B.   

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