Pr Mohamed Bejaoui/Imed Hammami.
Des médecins ont lancé une campagne de soutien à leur collègue, le Pr Mohamed Bejaoui, chef de service et fondateur du service d’hématologie de l’enfant à Tunis, limogé par le ministre de la Santé, Imed Hammami.
Une campagne de soutien au Pr Mohamed Bejaoui, qui a réalisé en avril dernier la première greffe de moelle osseuse sur un enfant en Tunisie et en Afrique, a été lancée sur les réseaux sociaux par des médecins, jeunes et moins jeunes, après le limogeage de leur confrère, lundi 9 juillet 2018, par le ministre de la Santé.
Le professeur en pédiatrie et chef de service de pédiatrie, immuno-hématologie et greffe de cellules souches au Centre national de greffe de moelle osseuse (CNGMO) a affirmé à Kapitalis qu’il n’a même pas eu le droit à un conseil de discipline. Il a reçu une convocation, dimanche dernier, par SMS, et a appris son limogeage le lendemain par le chef du cabinet du ministère.
Pr Bejaoui précise qu’on l’accuse d’avoir incité des patients adultes à protester devant le ministère de la Santé, ce qu’il nie totalement. Ces patients, atteints de thalassémie, maladie chronique, n’ont pas où se faire soigner et le service du Pr Bejaoui demande, depuis 2008, à ce qu’on leur réserver une unité de soins appropriée.
«Depuis 10 ans, plusieurs ministres se sont succédé et jamais une solution n’a été trouvée pour ses malades, que nous ne pouvons même pas prendre en charge en tant que service de pédiatrie. Cela nous est même interdit par la loi», explique Pr Bejaoui, en précisant qu’il a évoqué ce problème avec l’actuel ministre, Imed Hammami, qui a promis, en mars dernier, que l’unité sera mise en place rapidement, ce qui a donné beaucoup d’espoir aux patients. En mai dernier, à l’occasion de l’inauguration, par l’association Maram Solidarité, du 1er service infantile au Centre de Greffe, le ministre a de nouveau promis aux patients adultes, que l’unité sera bientôt prête…
Mais le temps est passé et aucune action n’a été menée en ce sens, ce qui a excédé les patients et leurs familles, qui ont manifesté mardi dernier, devant le siège du ministère de la Santé, explique le praticien, en assurant n’avoir rien fait pour pousser les malades à manifester et qu’ils agissent de leur propre gré, étant totalement abandonnés à leur sort et qu’il en va de leur vie.
«L’équipe que j’ai formée, la seule en Tunisie et en Afrique habilitée à faire des greffes infantiles, a menacé de démissionner et si leur démission est rejetée, ils abandonneront leur poste. Comment un ministre peut-il traiter les compétences de son pays de la sorte ?», s’est indigné Pr Bejaoui, en précisant qu’il est le seul à opérer des enfants tunisiens et même des étrangers et que cela rejaillit positivement sur l’image du pays à l’extérieur.
Des collègues du Pr Bejaoui s’indignent de leurs côté : «Si nous acceptons sans réaction cette décision, en plus de l’ère de la médiocrité dans laquelle nous sommes plongés, nous entrerons dans l’ère de l’injustice, de l’abus de pouvoir. Nous devons nous mobiliser et organiser au plus vite une action», disent-ils.
Y. N.
Tunisie : En avril 2018, première greffe de moelle osseuse chez l’enfant
Tunis : Inauguration du service de greffe de la moelle osseuse infantile
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