«En coopération avec la société Gs4, Riyad veut assurer la « sécurité des pèlerins » en leur imposant de porter un bracelet électronique, une procédure qui a permis à la société sécuritaire israélienne de prendre tous les renseignements sensibles liés aux pèlerins» .
Par Amina Mkada
L’information circule depuis 2013 sans qu’il y eut le moindre démenti
Tout aussi curieusement, le site de « Oumma.com », qui a publié dans sa Newsletter reçue le 9 juillet à 13:04: « Pèlerinage 2019 à la Mecque: La société israélienne G4S gagne le marché de la sécurité« repris du site marocain « Panorapost », publie lui aussi des excuses car cette page est curieusement aussi «introuvable»…
« La Tribune Juive » avait déjà commenté l’information en 2013 et c’est ce contenu qui revient encore en 2019: «Le grand pèlerinage annuel draine une foule qu’on estime supérieure à 5 millions de fidèles, et cela nécessite un service d’ordre hors pair. Cela fait plusieurs années que pour cela, l’Arabie Saoudite fait appel aux services d’une société étrangère, G4S».
Cette même information a aussi été diffusée en 2015 par « Israël Actualités« . Et aussi bizarre que cela puisse paraître, on n’a pas trouvé trace d’un quelconque démenti, saoudien ou israélien, si démenti il y eut!
G4S est une société anglaise, et ses filiales sont disséminées un peu partout dans le monde. Oui mais, l’Arabie Saoudite a besoin pour le hadj du meilleur service du monde, et se tourne donc depuis 2010 vers la branche… israélienne de cette société!
Pour effectuer ce travail le plus discrètement possible, le moyen le plus simple est bien connu: créer une société locale, filiale de G4S, ainsi fut fait, et formellement, la sécurité du hadj est l’affaire d’Al Majal G4S, dirigée par un certain Khaled Baghdadi.
Début septembre dernier, le quotidien libanais « Al Akhbar » a révélé toute l’histoire, et les demandes d’annulation de toute relation avec G4S ont émané de sources nombreuses et diverses. G4S étant accusée de participer activement à l’occupation des territoires palestiniens et taxée d’avoir sur les mains du sang palestinien, il devient inconcevable, aux yeux des soutiens habituels des Palestiniens, que cette situation perdure.
Mais il y a encore bien pire. La surveillance du hadj ne serait qu’une infime partie des activités de G4S en terre arabe. Selon certaines sources, elle y aurait une activité particulièrement importante dans les aéroports de transit des pèlerins musulmans, Bagdad et Dubaï, ce qui lui permettrait d’avoir accès à leurs relevés d’identité complets, y compris leurs photos et leurs empreintes digitales.
L’Arabie Saoudite continue de faire la sourde oreille
Suite à la diffusion de ces informations pour le moins gênantes pour le royaume wahhabite par plusieurs organes de presse arabes, des protestations se sont élevées pour demander directement au roi d’Arabie Saoudite de mettre un terme à cette coopération. Les plus importantes ont été celle du Cheikh Ekrima Sabri, chef du Conseil suprême islamique de Jérusalem, celle d’Ismail Patel, président de l’Association des amis d’Al Aqsa, et celle de l’inévitable mouvement du BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).
En Europe, le BDS s’était déjà attaché depuis quelques mois à faire boycotter G4S, en invoquant le motif de l’existence d’une filiale israélienne opérant dans les territoires palestiniens, et avait obtenu gain à maintes reprises. Ainsi par exemple, en avril dernier, G4S n’a pas réussi à renouveler son contrat de 2008, par lequel la société assurait la sécurité des édifices du Parlement de l’Europe.
Et curieusement, l’Arabie Saoudite fait la sourde oreille, traite par le mépris le plus souverain toutes les demandes de boycott qui lui sont adressées et continue, imperturbablement, à confier la sécurité du hadj à cette société israélienne. Ce qui fonctionne en Europe, reste lettre morte en terre arabe.
«Est-ce un gag? Une histoire inventée par des médias en quête de sensationnel? Non, juste la parfaite illustration de l’estime dans laquelle sont tenus en terre arabe, tous ceux qui hurlent au boycott…», commente, à juste titre, Line Tubiana.
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