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La Tunisie est-elle à court de compétences ?

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La mission d’accompagnement marketing des projets d’investissement dans le plan de développement 2016-2020 aurait du être confiée à des cabinets tunisiens.

Par Mohamed Chawki Abid*

Il est tout d’abord utile de souligner que la mise à contribution du GIZ et du PNUD dans l’élaboration du Plan quinquennal de développement (2016-2020) n’a paradoxalement pas soulevé de contestation particulière, alors que leur intervention touche le cœur de la stratégie nationale économique et sociale.

En revanche, le projet de contrat à passer avec la Banque Lazard pour une mission d’accompagnement marketing des projets d’investissement identifiés a suscité beaucoup de polémiques.

Pourquoi cette différenciation disproportionnée, alors que la souveraineté du pays est nettement plus impactée dans la première mission?

Peut-être parce que les prestations du GIZ et du PNUD sont gratuites et celles de la Banque Lazard sont payantes!

J’aurais bien souhaité recourir à la Banque Lazard ou au Cabinet McKinzey pour solliciter une mission à très forts enjeux pour la Tunisie, telle que par exemple le dégraissage et la restructuration de sa dette extérieure (décomposition, argumentaires, pistes de négociation, estimation de l’abandon potentiel, proposition de reprofilage…).

Depuis 2011, on n’a pas cessé de marteler que l’endettement extérieur du pays renfermait une composante odieuse qui pourrait être gommée conformément aux résolutions Onusiennes et conventions internationales. Jusqu’à ce jour, l’audit de la dette n’a malheureusement pas été fait, ce qui réduit les chances d’amaigrissement.

Par ailleurs, alors que le pays vient d’entamer les négociations avec l’Union Européenne sur l’Aleca, aucun bilan de l’expérience bi-décennale de l’Accord de libre-échange (ALE’1995) n’a été élaboré pour dresser son SWOT (matrice des forces, faiblesses, opportunités et menaces) et, par suite, envisager des ajustements impératifs préalablement aux pourparlers sur l’Aleca (analyse des écarts par rapport aux objectifs, évolution de l’endettement extérieur, usage des clauses de sauvegarde, stratégie de compensation du dérapage du déficit commercial…).

Enfin, le nouveau projet de Bruxelles comporte une étude d’impact de l’Aleca sur l’économie nationale, mais qui gagnerait à être challengée par une étude socioéconomique objective commandée par l’Etat tunisien, qui doit évaluer les incidences de l’Aleca sur les fondamentaux macroéconomiques (emplois, investissement, exportation, endettement…) ainsi que sur les secteurs les plus concernés (agricole, IAA, services de conseil, hospitalier, touristique, distribution, la santé, marchés publics, propriété intellectuelle, etc.).

Ce sont trois missions à haute valeur ajoutée qui auraient dû faire l’objet d’un AOI ou d’une consultation restreinte.
En revanche, structurer le plan quinquennal 2016-2020 et le configurer sur un support attractif à l’adresse des IDE et des bailleurs de fonds, c’est une mission d’accompagnement des compétences de l’administration tunisienne, qui aurait pu être confiée à l’un des cabinets tunisiens ayant l’habitude de travailler en sous-traitance avec les big consulting firm.

* Ingénieur économiste.

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