Sommes-nous, en Tunisie, à la fin de l’épidémie de coronavirus (Covid-19), comme on est parfois tenté de le croire, ou allons-nous plutôt au devant d’une seconde vague, comme on a de bonnes raisons de le craindre, et à juste titre? Personne ne peut prédire avec certitude ce qui se passera dans les prochains jours.
Par Faouzi Addad *
En Tunisie, le premier jour de «confinement ciblé», selon les termes officiels, ou dé-confinement progressif, hier, lundi 4 mai 2020, s’est donc passé comme prévu : aucun respect de la distanciation sociale, bousculades dans les transports publics, plages prises d’assaut. Une journée à rendre le sourire au coronavirus (Covid-19), qui commençait à s’ennuyer de ce côté de la Méditerranée.
Sommes-nous, dans notre pays, à la fin de l’épidémie ou allons-nous plutôt au devant d’une seconde vague? Personne ne peut prédire avec certitude ce qui se passera dans les prochains jours. L’augmentation des cas reste probable avec le retour continu des Tunisiens de l’étranger, rapatriés par des vols spéciaux, mais aussi par la reprise des consultations médicales et qui pourrait amener nos confrères à détecter quelques cas de Covid-19 jusqu’à présent à travers les mailles du filet du ministère de la Santé.
L’Allemagne effrayée par son audace
Si on regarde l’exemple de l’Allemagne, premier pays d’Europe de l’Ouest à avoir mis en place un processus de dé-confinement progressif, dès le 20 avril, on notera, ces derniers jours, une inquiétude face à l’augmentation du nombre de contaminations. Le mercredi 29 avril, le nombre de nouveaux cas est, en effet, passé à 1304 contre «seulement» 1018 deux jours auparavant. Le R0 est remonté à 1 contre 0,7 avant le dé-confinement.
La chancelière Angela Merkel a prévenu les citoyens qu’un second confinement pourrait être envisagé si le nombre de cas continuerait à augmenter. Elle a aussi exhorté les 16 Etats constituant la fédération allemande à ne pas se presser pour assouplir les règles de confinement.
Le message semble être passé puisque le nombre de nombre de nouveaux cas est revenu à la baisse avec 885, le 2 mai, et 488, le 4 mai.
La victoire finale sera au bout
Nous comprenons que notre situation en Tunisie est encore fragile. Notre peuple n’est pas aussi discipliné que le peuple allemand et notre économie ne saurait être comparée à celle de l’Allemagne, même si la crise à frappé les deux pays.
Certes, le dé-confinement est nécessaire car l’économie doit aussi redémarrer, mais il va falloir reprendre le travail tout en respectant les mesures de distanciation sociale, porter un masque de protection et laver les mains, plus souvent que nécessaire.
Nous avons encore quelques jours à tenir et je reste malgré tout optimiste.
Nous autres médecins devons, chacun de son côté, faire œuvre de pédagogie, dans la rue et auprès de nos patients. La victoire finale sera au bout… À condition que nous restions solidaires et disciplinés, comme au tout début de la pandémie.
* Professeur de cardiologie.
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