La situation épidémique, en Tunisie, est alarmante, vu le nombre croissant des cas contamination par le coronavirus enregistrés ces derniers jours et la hausse du nombre des décès. La situation est en train de virer au désastre. Mais si le pays devait retourner dans une phase de confinement comme celle qu’on vient de connaître, il y a quelques mois, ce serait encore plus catastrophique pour notre économie, déjà en piteux état.
Par Amine Ben Gamra *
Actuellement la Tunisie marche sur le fil du rasoir. Le produit intérieur brut devrait chuter de 6% en 2020, l’endettement et le déficit budgétaire se creusent dangereusement tandis que le secteur du tourisme – une source cruciale d’emplois et de devises étrangères – est quasiment au point mort. Pour l’heure, tous nos indicateurs socio-économiques sont au rouge vif. Le taux de chômage a atteint 18% au deuxième trimestre 2020 et beaucoup d’entreprises n’écartent pas la possibilité de recourir au chômage technique voire aux licenciements si la crise venait à perdurer encore longtemps. Ce qui n’est pas probable, mais certain.
Les opérateurs économiques aux prises avec le flou paralysant
Nous sommes entrés dans une ère d’absence de visibilité, de brouillard total voire de flou paralysant. Et cela inquiète beaucoup les opérateurs économiques et bouleverse toutes leurs prévisions. Ne sachant pas ce que demain leur réserve et le pire restant encore à venir, ils sont nombreux à être gagnés par le doute et l’abattement.
Dans le scénario le plus optimiste d’évolution de la pandémie, le taux de chômage dans l’ensemble des pays de l’OCDE pourrait atteindre 9,4% au quatrième trimestre 2020, dépassant tous les pics enregistrés depuis la crise économique des années 1930.
En Tunisie, au début de la crise de la Covid-19, les mesures exceptionnellement énergiques prises sur le plan budgétaire et monétaire ont permis de calmer les fortes fluctuations des taux de change. Toutefois, de nombreux risques subsistent, notamment de nouvelles vagues de contagion, des séquelles économiques et une recrudescence des tensions commerciales, sans parler des mouvements sociaux qui ne connaissent pas de répit.
Sortir de sentiers battus et éviter les remèdes de grand-mère
Une aggravation de la pandémie de la Covid-19 pourrait également déstabiliser les échanges et les chaînes d’approvisionnement mondiaux, réduire les investissements et entraver la reprise économique mondiale.
La pandémie de coronavirus a secoué l’économie mondiale à des niveaux inédits et à l’heure où la crainte d’une deuxième vague de Covid-19 encore plus dévastatrice que la première est dans toutes les têtes, de nouvelles secousses sont toujours à craindre, dont on imagine à peine les graves conséquences, notamment sur les pays qui traînent des crises structurelles et peinent à se réformer, comme la Tunisie.
Pour faire face à ce qui nous attend, les discours populistes, les solutions éculées et les remèdes de grand-mère chers à nos dirigeants ne suffiront pas pour éviter le pire et encore moins pour redresser la barre. On a besoin d’imagination, d’innovation et, surtout, d’audace politique.
* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.
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