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Haykel Mekki : le rejet de la loi sur la criminalisation de la normalisation avec Israël est une trahison

Le député du bloc démocratique Haykel Mekki a déclaré, hier, lundi 4 janvier 2021, dans un entretien avec Shems FM, que quiconque rejette le projet de loi sur la criminalisation de la normalisation avec Israël, présenté par son bloc parlementaire, peut être considéré comme un «normalisateur», ce qui signifie, dans son esprit, une trahison.

Tout en rappelant qu’un projet de loi similaire avait déjà été présenté à l’Assemblée, en 2013, et rejeté par les députés, à commencer par ceux du parti islamiste Ennahdha, M. Mekki, membre dirigeant d’Echaab, un parti de tendance nationaliste arabe, a ajouté que «les partisans de la criminalisation de la normalisation avec Israël se tiennent aux côtés du président de la république Kaïs Saïed dans sa lutte contre les Tunisiens corrompus et les Tunisiens terroristes, qui ont vendu la cause et, avec elle, leur dignité pour de l’argent» (sic).

Au-delà de l’excès caractérisant les déclarations du président de la commission des finances à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui croit pouvoir distribuer les certificats de patriotisme, il convient de lui rappeler qu’on a le droit de ne pas être d’accord avec son projet de loi, et ce pour diverses raisons objectives, sans pour autant trahir son pays ni la cause palestinienne.

D’abord, ce projet de loi n’a rien d’urgent dans un pays au bord de la faillite et qui traverse une grave crise multiforme : politique, économique, sociale et même morale. L’Assemblée a bien du pain sur la planche avec les dizaines de projets de loi à caractère urgent qui dorment dans ses tiroirs depuis plusieurs années.

Ensuite, et à notre connaissance, personne, en Tunisie, notamment dans les cercles politiques et de la société civile, n’a appelé à la normalisation avec Israël, et proposer un projet de loi criminalisant la normalisation avec l’Etat hébreu peut paraître comme un acte inutile, décalé et qui ne requiert aucune urgence.

Enfin, au moment où les Palestiniens eux-mêmes maintiennent des relations, certes minimales, avec leur ennemi historique, accuser de trahison les Tunisiens qui ne voient aucun intérêt dans la promulgation d’une loi criminalisant la normalisation avec Israël est pour le moins injuste, voire stupide et dénote un esprit sectaire. Ce qui, d’ailleurs, caractérise les nationalistes arabes en général, et qui développe, chez eux, des tendances dictatoriales.

Imed Bahri

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