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Covid-19 : La négligence, un crime perpétuel en Tunisie

La hausse vertigineuse du rythme de contagion par les nouveaux variants du Sars-CoV-2 , notamment le variant Omicron, et les réactions envers cette situation suscitent de vraies inquiétudes et plein d’interrogations en Tunisie et à travers le monde entier.

Par Taha Abdelkader Allouche *

Certes, le premier sentiment en analysant le comportement des populations vis-à-vis de la nouvelle vague est celui d’une banalisation. En tant que scientifique, je ne peux, en mon âme et conscience, être complice d’une telle attitude. Pire encore, la scène publique ne cesse de nous offrir des pseudo-hypothèses frôlant, à minima, la limite de la rigueur scientifique.

Une Légèreté cruelle dans la vie publique

Dire avec une telle légèreté scientifique, quasi-criminelle, que cette vague dominée par Omicron sera sans faute la dernière, que ce n’est qu’un simple épisode aigu semblable à un rhume ou que ce nouveau variant du Sars-CoV-2 s’est affaibli et tend vers la disparition est une simple prédiction digne d’un jeu à la roulette russe ou d’un vœu pieux, pour ne pas dire un pur mensonge déguisé.

En fait, le Sars-CoV-2, toutes versions confondues, demeure un problème de santé publique qui a causé, depuis 2019 rappelons le, la pandémie de la maladie Covid-19. Il est donc nécessaire de se référer de nouveau aux règles d’or de la médecine communautaire et préventive à savoir : le doute scientifique méthodologique, et le raisonnement poussé au plus pire imaginable des scénarii qui constituent ainsi un substratum indispensable sur la voie du savoir relatif. Cela, sans omettre de déplier le sujet du Covid-long sur la table du débat public, les potentielles séquelles sociales et sociétales, les maux apportés au système de soin et à la qualité de vie individuelle à moyen et long terme.

Encore des vies en péril

Au jour d’aujourd’hui, nous sommes dans une phase très dangereuse. Plus Omicron se répand, plus il se transmet, plus il se réplique et plus il est susceptible de produire un nouveau variant. Actuellement, Omicron peut causer la mort, peut-être un peu moins que Delta, mais qui peut dire ce que le prochain variant pourrait générer?

Si au niveau individuel, le risque d’hospitalisation est probablement moindre avec le variant Omicron, il pourrait constituer une menace plus importante en raison du nombre de cas qui augmente de manière exponentielle. Même un faible taux d’acceptation en réanimation va aboutir à un nombre beaucoup plus important de personnes atteintes de maladies graves qui se trouvent hospitalisées et qui risquent de mourir.

Mais la vraie interrogation est encore plus profonde. Quelle serait la place du doute dans la recherche scientifique ? Quels sont les liens entre doute, incertitude, hasard, je sais que je ne sais pas, envie de savoir, processus de recherche, émotion de la découverte ?

L’essence de la recherche

Ignorer qu’on ignore c’est ne pas savoir, alors que savoir qu’on ignore c’est savoir totalement car on sait à la fois ce qu’on sait et ce que l’on ne sait pas. La tradition philosophique occidentale se considère comme un art de douter : du «Je sais que je ne sais pas» de Socrate au doute méthodique de Descartes. La certitude doit être une recherche, un examen, une création et le doute permet d’apprendre à penser contre soi-même. Comment l’incertitude, le doute s’impliquent dans le processus de recherche scientifique via la quête d’une vérité sans garantie de résultat ? Ce parcours de chercheur dans le labyrinthe mental de ses travaux permet de mieux appréhender l’émotion face aux découvertes.

* Médecin et activiste politique.

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