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« Ghodwa » de Dhafer El Abidine : Une première expérience de réalisation couronnée de succès

« Ghodwa », premier film réalisé par Dhafer El Abidine, dans lequel il joue également le rôle principal, sort aujourd’hui dans les salles de cinéma en Tunisie. L’histoire émouvante d’un père et d’un fils, dans le tumulte d’une Tunisie qui se cherche encore.

Par Fawz Benali

Il aurait aimé le présenter en première mondiale aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2021), mais le comité de sélection en a décidé autrement puisque « Ghodwa » de Dhafer El Abidine n’avait pas été retenu à la compétition officielle de la 32e édition des JCC. L’acteur reconverti en réalisateur a préféré retirer son film du festival pour le présenter à la 43e édition du Festival international du Film du Caire où il a remporté le Prix de la Fédération internationale de la Critique (Fipresci).

Après l’Egypte et l’Arabie-Saoudite, le film arrive enfin en Tunisie

Une consécration qui a fait couler beaucoup d’encore. Le film aurait-il été injustement écarté des JCC ? C’est en tut cas ce que beaucoup d’artistes, de critiques et de journalistes ont laissé entendre. Le cinéaste et directeur des JCC Ridha Béhi s’était exprimé sur la polémique, qui n’avait pas lieu d’être, rappelant que le choix des films de la sélection ne relève pas de la compétence de la direction du festival, mais de celle d’une commission indépendante.

Ainsi, après son passage couronné de succès au Festival du Caire, puis au Red Sea Festival, « Ghodwa » sort dès aujourd’hui dans nos salles de cinéma. Un film produit par Dora Bouchoucha, marquant le début de la carrière de Dhafer El Abidine en tant que réalisateur.

Après avoir joué dans de nombreuses productions cinématographiques et télévisuelles aussi bien en Tunisie, dans le monde arabe et à l’étranger, et après avoir acquis une notoriété internationale, l’acteur tunisien Dhafer El Abidine décide de passer de l’autre côté de la caméra pour raconter une histoire qui lui tenait à cœur et dont les premières lignes du scénario sont nées au début de la pandémie du Coronavirus (Covid-19) suite à l’interruption du tournage d’une série dans laquelle il jouait. « J’avais l’idée en tête depuis un certain temps. Je sentais qu’il était temps de travailler sur autre chose de très différent de ce que j’avais fait jusque-là. La première version a pris quelques mois et le scénario final était prêt environ cinq mois plus tard », explique Dhafer El Abidine.

Le film raconte l’histoire de Habib (joué par Dhafer El Abidine) un avocat et fervent défenseur des droits de l’Homme ayant été opprimé durant les années de la dictature, et son fils (joué par Ahmed Berrhouma) un adolescent de 15 ans. Le film est essentiellement centré autour de cette relation père fils où les rôles s’inversent suite à la détérioration de l’état de santé du père.

Dans un environnement social chaotique, Habib et Ahmed doivent prendre des décisions qui décideront de leur avenir, d’où le choix du titre « Ghodwa » (Demain). « Le titre « Ghodwa » est très pertinent pour l’histoire. C’est également très pertinent pour la Tunisie, car après les dix années de voyage post-Révolution que nous avons traversées, les choix que nous faisons aujourd’hui affecteront notre avenir et les générations à venir », souligne Dhafer El Abidine.

Dhafer El Abidine maître de son sujet

Acteur principal, réalisateur, coscénariste (avec Ahmed Amer) et coproducteur de son film, Dhafer El Abidine a réussi le défi d’être des deux côtés de la caméra, en choisissant notamment de ne pas passer par le processus de production conventionnel, mais d’investir ses propres moyens de financement (comme l’a fait entre-autres Abdelhamid Bouchnak avec « Dachra » qui fut d’ailleurs un franc succès national et international).

Avec l’aide de la productrice Dora Bouchoucha, Dhafer El Abidine a pu mener son projet à terme et rester maître de son sujet comme il a souhaité l’être. « Quand j’ai fini d’écrire le scénario, la première personne à laquelle j’ai pensé a été Dora et je lui ai envoyé le scénario. Elle l’a lu au début de l’année 2021 et un mois et demi plus tard, nous étions en pré-production. Trois mois après notre première discussion sur le scénario, nous étions déjà en train de tourner », nous-confie Dhafer El Abidine.

De son côté Dora Bouchoucha dit avoir été très enthousiaste à l’idée du film et fière d’avoir fait partie de cette aventure. « Je connais Dhafer depuis plus de 20 ans, depuis ses débuts dans le domaine du cinéma. (…) Je pense que c’est pour cela que Dhafer m’a envoyé son scénario dès qu’il a su qu’il avait un bon projet. Je l’ai lu très rapidement et j’ai trouvé qu’il était vraiment bon. (…) Je savais que Dhafer était prêt à passer derrière la caméra et j’ai fait tout ce que je pouvais pour l’aider à faire le film qu’il voulait faire. (…) J’étais très souvent sur le plateau avec lui pour l’épauler, mais j’ai été surprise par sa concentration sur chaque détail et sa maîtrise du plateau alors que c’était sa première expérience en tant que réalisateur », explique la productrice.

En plus de Dhafer El Abidine et du jeune acteur Ahmed Berhouma (qui joue pour la première fois son rôle principal et qui figure également dans « Streams » de Mehdi Hmili), le casting du film réunit aussi Najla Ben Abdallah, Bahri Rahali, Ghanem Zrelli et Rabeb Sraïri.

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