A la question attendue «Quelles solutions à la crise?», les professionnels du tourisme ont tous la réponse toute prête: «La sécurité est la clé de la reprise».
Par Anouar Hnaïne
Le 45e séminaire annuel des représentants de l’ONTT à l’étranger, tenu les 15 et 16 à Hammamet, s’est déroulé dans une ambiance qui n’incitait pas à la fierté et la superbe, et certainement pas à l’optimisme, l’attaque terroriste de Ben Guerdane a eu un effet retentissant dans les médias, ce qui ne manquera pas de perturber le comportement des voyageurs potentiellement intéressés.
L’attaque terroriste noie les espoirs de reprise
«C’est dur à digérer, lâche un voyagiste, alors qu’une délégation de professionnels et de responsables de l’administration se trouvait à Berlin pour préparer la saison 2016, les terroristes passaient à l’attaque». Autant dire la goutte qui a fait déborder le vase et noyer les espoirs de reprise.
Une ambiance qui n’incitait pas à l’optimisme.
La gueule de bois est générale, mais l’administration, les professionnels font bonne figure tout de même. Un programme est conçu, visiblement à la hussarde pour voir juste ce qu’il faut pour convaincre. Beaucoup de journalistes venus tâter le pouls du secteur sous perfusion. Salle comble, retrouvailles, embrassades et sourires de circonstance. Le spectre, plutôt la réalité de la crise, est visible sur tous les visages. A la question attendue «les solutions à la crise?», les représentants, sans exception, ont tous la réponse toute prête: «La sécurité est la clé de la reprise…».
Les temps sont loin où l’on parlait avec satisfaction des prévisions, des segments de marché, des régions, de la concurrence. Aujourd’hui, on cherche des solutions non pas à l’année en cours, encore moins à la haute saison, ni à l’arrière saison. On devise sur 2017 et on conjecture sur 2020. Bref, les recettes qui fondent comme neige au soleil (-33,8% par rapport à 2014) de nuitées qui se réduisent en peau de chagrin (-44, 7% par rapport à 2014.
Selma Elloumi-Rekik: «C’est la crise la plus grave de l’histoire du tourisme tunisien»
L’Algérie, un marché de «secours»
Au JT de Fr2 de mercredi, le présentateur annonce «des annulations de l’ordre de 80% pour cette année.» Dur à avaler. Quand aux Anglais, leurs TO n’ont même pas programmé la destination. Mohamed Ali Toumi, patron de la Fédération tunisienne des agents de voyages (FTAV), reprend une supposition (peu réaliste) des TO rencontrés à l’IT Berlin (le plus grand salon de tourisme): «La Tunisie pourrait récupérer les clients en surplus qui ont réservé le sud de l’Europe (Espagne, Portugal…). Seul le marché algérien avec son million 400.000 entrées en 2015 échappe à la crise. Aussi l’ONTT porte un soin particulier à ce marché voisin, une intensification de la campagne sur le web, de la communication sur les réseaux sociaux, des actions de promotion sur les produit culturels (festivals d’été), la thalasso, le tourisme de santé, le shopping et naturellement le balnéaire. L’administration a toutes les raisons de dorloter ce marché de «secours».
Le spectre de la crise est visible sur tous les visages.
Ce séminaire «intervient cette année dans un contexte tout particulier marqué par la crise la plus grave de l’histoire du tourisme tunisien» dixit Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l’Artisanat.
Abdellatif Hmam, directeur général de l’ONTT, grand ordonnateur de la séance, est aux manettes. Dans son discours d’ouverture, la ministre motivant ses troupes, martèle: «Vous êtes appelés à changer de stratégie au niveau des plans de promotion et du marketing, à quitter pour un temps vos bureaux pour être plus présents sur le terrain…»
Il faut changer de stratégie au niveau des plans de promotion et du marketing.
Un expert espagnol, directeur général adjoint de l’Office du Tourisme de Barcelone et président des villes touristiques en Europe, a été invité à cette Grande Messe pour exposer le modèle barcelonais. Chiffre des visiteurs, rôle des collaborateurs de l’administration, partenaires, nombre d’hôtels, de lits de nuitées etc. Cela servirait-il de modèle, alors qu’il ne s’en trouve aucun transposable par temps d’insécurité ?
Donnez votre avis