Dans un entretien à l’agence Tap, l’ambassadeur de France en Tunisie, André Parant, a déclaré que la France est disposée à contribuer à couvrir le besoin de financement résiduel de la Tunisie, au titre de 2023 et 2024.
«Actuellement, une enveloppe de 250 millions d’euros destinée à aider le pays à combler son gap budgétaire, est en attente de décaissement», a-t-il souligné, ajoutant que son pays est également prédisposé à mobiliser les bailleurs de fonds internationaux afin de combler le besoin de financement résiduel.
Cependant, cette aide reste tributaire de la mise en œuvre «effective» du plan de réformes présenté au Fonds monétaire international (FMI), a-t-il tenu à préciser, sachant que, comme l’a rappelé il y a quelques jours le président Emmanuel Macron, la situation économique et budgétaire de la Tunisie risque d’être extrêmement compliquée en l’absence d’un accord avec le FMI qui tarde à être finalisé, l’instance prêteuse estimant que la Tunisie traîne les pieds et ne montre pas la détermination nécessaire dans la mise en œuvre des réformes convenues et sur lesquelles le gouvernement lui-même s’était engagé.
«C’est toujours difficile d’engager des réformes mais à un moment donné, il n’est plus possible d’accepter que la situation se dégrade davantage», a insisté M. Parant, ajoutant que «ces réformes doivent être menées dans l’intérêt de l’économie tunisienne et non dans l’intérêt du FMI ou des partenaires internationaux.»
«Il est impératif de souligner que le fonds n’est pas là pour imposer quoi que ce soit. Il est là pour soutenir un programme de réformes qui a été élaboré, soutenu et présenté par le gouvernement tunisien. Aujourd’hui, ces réformes sont connues de tous. Elles concernent le redressement des entreprises publiques, la maîtrise de la masse salariale et la réforme du système des subventions», a rappelé le diplomate français.
«En 2022, les investissements des sociétés françaises installées en Tunisie ont atteint 187 millions d’euros en 2022, ce qui fait de la France le premier pourvoyeur d’investissements étrangers directs dans le pays», a aussi rappelé M. Parant, sachant que plus de 1000 entreprises françaises sont aujourd’hui implantées en Tunisie et qui emploient plus de 140 000 personnes. «En dépit de certaines difficultés liées au climat des affaires, la plupart de ces entreprises ont connu une croissance durant la période écoulée. Et elles projettent même d’accroître leurs activités au cours des prochaines années», a encore souligné M. Parant.
Interrogé sur les obstacles auxquels ces entreprises restent confrontées dans notre pays, André Parant a cité, notamment, «le manque de visibilité» quant à la trajectoire économique et financière du pays, «les problématiques liées à la réglementation actuelle des changes», «les difficultés logistiques du port de Radès qui constitue un goulot d’étranglement et représente un frein non seulement au développement des entreprises françaises mais de l’économie tunisienne.»
M. Parant a cité aussi le retard enregistré par la Tunisie en matière d’énergies renouvelables (3% du mix énergétique) alors que les entreprises françaises implantées dans notre pays sont actuellement engagées dans la réduction de leur empreinte carbone.
I. B.
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