En matière de recherche, la Tunisie est parmi les nations sous-développées. Elle risque de le rester encore longtemps. Pour avoir opté pour la médiocrité.
Par Pr Ridha Hamdane*
Selon le journal ‘‘Times Higher Education’’, il n’y a aucune université tunisienne dans le classement des 15 universités africaines influentes par la recherche.
S’arrêter au constat n’est plus suffisant. C’est le temps de l’analyse si ce n’est déjà trop tard. Pourtant, beaucoup de résultats dans nos institutions universitaires plaident en la faveur de l’excellence. Excellence certes, mais intra-muros.
La seule préoccupation des responsables de l’administration de nos institutions universitaires demeure le taux de réussite mais nullement la qualité de la formation. De ce fait, ils exercent sur les enseignants, inconsciemment ou sciemment, des pressions pour que les notes soient à «la hauteur» de leurs attentes. Ils sont obnubilés de «docimologie» et de je ne sais quel autre concept creux. C’est le déni de réalité.
L’approche qu’on va faire ne prétend nullement à l’exhaustivité. C’est le propre de toute réaction à chaud.
Parmi les raisons, la motivation. Les enseignants qu’ils soient universitaires ou hospitalo-universitaires sont trop mal payés. Les universités manquent de moyens et la recherche a un coût.
L’absence de collaboration universitaire avec l’étranger. Pour donner un seul exemple, considérons le recul de la coopération avec la France. Si nous envisageons ce qui se pratique actuellement avec la France pour les disciplines médicales, le Maroc a su négocier un nombre bien déterminé de postes de DFMS (Diplôme de formation médicale spécialisé) et DFMSA (DFMS approfondi) dans le cadre de la coopération interuniversitaire par opposition à nos étudiants qui se débrouillent par eux-mêmes en passant par les postes ouverts au titre du contingent national imposé par la France.
Même dans le cas où les candidats tunisiens sont retenus, il n’est pas évident que les autorités tunisiennes les encouragent à partir menaçant les résidents de «l’obligation de l’année civile» ou de ne pas leur valider le stage en France.
Pour les assistants, la situation est désastreuse. La bourse qui leur est octroyée pour un stage à l’étranger par l’université tunisienne est de 1500 dinars par mois, stage qu’ils feront à titre d’observateurs c’est-à-dire qu’ils n’auront aucun cadre légal pour pratiquer la médecine sur le malade. Par ailleurs, c’est au candidat de se débrouiller pour trouver un terrain de stage. Ensuite, l’accord du conseil de faculté n’est nullement garanti. Enfin, c’est le parcours du combattant.
Les autorités tunisiennes vont jusqu’à ne voir aucun intérêt dans ces stages.
En l’absence de tels stages à l’étranger, on voit mal comment la recherche peut-elle avancer en Tunisie. Nous serons toujours derniers, on le restera. Nous avons opté pour la médiocrité.
*Professeur à la Faculté de pharmacie de Monastir.
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