Borhen Bsaïes, ancien propagandiste de Ben Ali, vient d’être «recruté» par un Nidaa Tounes à la dérive. La démocratie tunisienne est menacée par l’amnésie de ses enfants.
Par Mohamed Chawki Abid *
Après avoir longtemps servi la dictature de Ben Ali avec un zèle remarquable, ce monsieur s’était engagé officiellement en 2011 à ne plus retourner à la politique et à ne plus exercer dans les médias. Les promesses, on le sait, n’engagent que ceux qui y croient.
Après un séjour en prison, condamné pour corruption, l’homme a réintégré, fin 2014, la télévision à travers la chaîne privée Nessma en tant que gentil chroniqueur sur le plateau de Maryem Belkadhi, avant de s’ériger, peu de temps après, sur une autre chaîne privée, Ettassia, en donneur de leçons de patriotisme puis en propagandiste en faveur du projet de réconciliation économique et financière proposé par le président de la république Béji Caïd Essebsi.
Borhen Bsaies du temps où il défendait Ben Ali et pourfendait ses opposants sur Al-Jazeera.
Aujourd’hui, Borhen Bsaïes s’est fait inviter à intégrer le club des lobbyistes et des opportunistes, pour catalyser sa prospérité par son précieux savoir-faire. Et il y est allé le cœur léger, la fleur au fusil et avec des ambitions renouvelées.
Le pire c’est que, dans une vie antérieure, M. Bsaies avait causé l’emprisonnement de deux très honnêtes ex-Pdg de la Sotetel, la société qui lui payait un salaire fictif sur l’injonction de Ben Ali, sans qu’ils ne soient associés dans la manœuvre RCDiste.
Malheureusement, grand nombre de concitoyens oublient rapidement toutes les manigances, anciennes et récentes, de cet homme dangereux, ainsi que celles de ses coéquipiers d’avant 2011, qui reprennent tous du service, sous diverses bannières : celles de Nidaa Tounes et d’Ennahdha, bien sûr, désormais alliés pour le pire, mais aussi au Machrou, Harak Tounes Al-Irada, Attayar et d’autres partis moins en vue. A qui lave plus blanc…
Il reste, cependant, une question : une démocratie construite sur l’amnésie et l’impunité tiendra-t-elle longtemps ?
* Ingénieur économiste.
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