La Tunisie est contre la décision européenne de détruire les bateaux transportant des migrants vers l’Europe à travers la Méditerranée.
Par Imed Bahri
C’est ce qu’a déclaré le chef du gouvernement Habib Essid, lors de la conférence de presse conjointe avec le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, à l’issue de la réunion de haut niveau luso-tunisienne, vendredi 29 mai 2015, à Lisbonne.
M. Essid qui a montré, à l’occasion, sa capacité à montrer sa différence et à défendre les positions de la Tunisie avec des mots forts, a ajouté: «C’est une solution de fortune, qui ne règle pas le problème fondamental», celui de l’émigration clandestine.
«La position de la Tunisie est très claire à ce sujet: il y a d’autres choses à faire avant la destruction des navires, une solution qui ne fonctionnera pas», a déclaré le chef du gouvernement.
«Les navires sont là. Ils peuvent être détruits ici, mais il y en aura toujours d’autres là-bas. Et une opération de ce type est considéré par la Tunisie comme quasi-militaire», a encore souligné M. Essid, ajoutant: «Nous avons besoin de réfléchir sur le problème fondamental, car à l’origine de la traite des êtres humains, il y a le manque d’opportunités et les mauvaises conditions auxquelles sont soumis les peuple».
«Au lieu de recourir à des solutions de fortune, vous devez essayer de trouver de vraies réponses pour prévenir ce trafic et une issue au problème de la Libye», a lancé M. Essid au Premier ministre portugais et, à travers lui, à tous les responsables de l’Union européenne (UE).
Le chef du gouvernement réagissait ainsi à la décision prise en avril dernier par les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’UE de mener des opérations navales avec un mandat de détruire les bateaux utilisés par les trafiquants de migrants.
Cette mesure est censée contribuer à la lutte contre la traite des êtres humains en Méditerranée qui, depuis le début de 2015, a causé la mort de près de 2.000 migrants.
Une bonne partie des bateaux vers l’Europe partent désormais de la Libye, un pays aux prises avec une guerre civile depuis 2011 et qui est dirigé par deux parlements et deux gouvernements, les uns établis à Tobrouk et reconnus par la communauté internationale, et les autres à Tripoli, contrôlés par une alliance de milices islamistes et tribales.
Le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho avait souligné, au début de la conférence de presse, l’importance de résoudre la situation en Libye. «L’aggravation de la situation de sécurité régionale, en particulier en Libye, mérite notre priorité absolue, car cela pourrait avoir des impacts très négatifs sur tous les autres défis régionaux», a-t-il dit, ajoutant que la Tunisie «souffre principalement les conséquences du conflit en Libye», en offrant un abri, sur son territoire, à un «grand nombre de réfugiés» en provenance de ce pays en guerre.
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