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Coalition islamique antiterroriste : Blague de l’année 2015

Daech-Arabie-Saoudite

Folklore politique dans le monde arabo-islamique au 21e siècle : les décapiteurs au nom de la charia veulent couper la tête aux coupeurs de têtes.

Par Tarak Arfaoui*

Il est vraiment triste de constater que nos actuels gouvernants maitrisent toujours l’art   de s’embourber dans les méandres de la pure démagogie politique. Sinon comment expliquer la récente adhésion de la Tunisie à la soi-disant coalition islamique antiterroriste sous le parrainage de l’Arabie saoudite, le principal bailleur de fonds du terrorisme wahhabite ?

Un panier à crabes

Nous sommes, en effet, en pleine schizophrénie politique. Ainsi est-on  arrivé au stade où les obscurantistes veulent régler le compte aux rétrogrades et où les décapiteurs au nom de la charia veulent couper la tête aux coupeurs de têtes. Voilà où mène le folklore politique dans le monde arabo-islamique au vingt et unième siècle.

Les monarchies du Moyen-Orient avec à leur tête l’Arabie Saoudite, soutien indéfectible  des terroristes «islamiques», sentant leurs fondements wahhabistes vaciller sous les coups de boutoirs des chiites qui les encerclent, et sentant  l’animosité de plus en plus grandissante de l’Occident à leur égard, n’ont pas  trouvé mieux pour se faire un semblant de virginité que d’inventer cette mascarade de coalition islamique antiterroriste.

Pour noyer le poisson dans l’eau, on essaye tant bien que mal de créer une «coalition» islamique en prenant bien soin d’écarter les pays dits chiites, ennemis implacables du wahhabisme, et de laisser au bord de la route quelques pays islamiques représentant des  centaines de millions de musulmans (Indonésie, Malaisie, Azerbaïdjan  Iran, Syrie, Irak).

Un pays comme l’Algérie a eu la perspicacité de ne pas plonger dans ce panier à crabes.

La Tunisie à côté de la plaque

Traditionnellement et de tout temps souveraine et non alignée à aucun lobby, la Tunisie est subitement tombée depuis la révolution dans l’opportunisme et le suivisme politique mesquin comme en a témoigné l’épisode du défunt Front des Amis de la Syrie, dans lequel l’a impliquée l’ex-président provisoire de la république Moncef Marzouki et qui s’est soldé par un fiasco retentissant. Voilà que Béji Caid Essebsi, l’actuel président, réputé vieux routier de la politique et fin diplomate, vient, à l’étonnement général, de se  fourvoyer en faisant adhérer la Tunisie à un pseudo front islamique de lutte contre le terrorisme, qui n’a aucun sens ni dans la forme ni dans le fond, et dont notre pays ne tirera aucun bénéfice.

Par quelle politique, quels moyens et avec quelle logistique va fonctionner ce front? Comment va se faire, dans la pratique et sur le terrain, cette lutte dans des pays aux intérêts aussi divergents ? Mystère et boule de gomme.

Il est évident qu’il aurait été plus judicieux de créer un front pour lutter contre l’exclusion sociale, la précarité, l’ignorance et le chômage, qui font souvent le lit du terrorisme dans le monde arabo-islamique, que de se jeter hypocritement dans les bras du wahhabisme dogmatique et assassin.

*Médecin.

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