Accueil » De Rouhia à Ben Guerdane : Les forces d’intervention prennent du galon

De Rouhia à Ben Guerdane : Les forces d’intervention prennent du galon

Armee-Ben-Guerdane

La victoire sur le groupe terroriste, hier, à Ben Guerdane, a été facilitée par le professionnalisme des unités d’intervention et l’appui de la population.

Par Mohamed Nafti *

Rouhia et Ben Guerdane sont deux villes  distantes l’une de l’autre d’environ 400 kms. Elles sont différentes des points de vue climat, terrain et vie communautaire, mais se ressemblent dans un sujet : elles ont été le théâtre d’interventions armées entre  des unités des forces de l’ordre et des membres de groupes armés terroristes en Tunisie. Et c’est sur ce thème que les deux villes offrent beaucoup de similitudes et permettent une certaine comparaison.

En effet, une comparaison sommaire entre les affrontements de Rouhia en 2011 et ceux de Ben Guerdane en 2016 permet de dégager une évaluation positive du rendement des forces d’intervention dans le domaine de la lutte contre les actes terroristes et méritent bien un satisfécit.

Les affrontements de Rouhia le 18 mai 2011 a été le premier, après la révolution du 14 janvier 2011, entre les forces d’Intervention et un élément terroriste sur le territoire tunisien.

Ce jour-là, vers 07h00, des citoyens ont repéré deux hommes armés dans une voiture de louage pour le transport rural. L’information a été transmise à la police, à la garde nationale et à l’élément de l’armée qui sécurisait le siège de la délégation, qui l’ont rapidement retransmise aux échelons supérieurs à Tunis. Et c’est avec la même rapidité que l’intervention a été ordonnée et déclenchée.

Vers 10h00, et à 3 km du centre de la ville de Rouhia, l’opération était terminée. Bilan : les 2 terroristes abattus, 2 militaires tués et 1 autre gravement blessé.

L’opération a été menée en grande partie par des unités de l’armée, avec la participation d’une patrouille non spécialisée de la garde nationale.

Les enseignements tirés : la population de Rouhia a été le facteur déterminant de la réussite de l’intervention. Des citoyens ont déclenché l’alerte en informant les forces de l’ordre stationnées dans la ville. Ils ont aussi poursuivi les deux terroristes depuis la station de louage jusqu’au lieu de leur retranchement. Ils étaient près de 500 et n’ont pas lâché d’un pouce les fuyards à travers les champs et les méandres de l’oued Rouhia, offrant ainsi aux forces d’intervention l’aide inestimable dans ce genre d’opérations : le renseignement tactique et instantané. Après, ce n’était qu’une affaire de  minutes pour l’équipe très restreinte des forces spéciales de l’armée pour  venir à bout des deux terroristes.

Les affrontements Ben Guerdane, le 2 mars 2016, sont les derniers en date entre les forces d’intervention et un groupe terroriste sur le territoire tunisien.

Ce jour-là, vers 15h00, les unités spéciales de la garde nationale ont été  alertées de la présence de terroristes dans un petit hameau à environ 7 km de la ville de Ben Guerdane. Elles ont reçu l’ordre d’intervenir pour traiter cet objectif.

Vers 17h00 l’opération était terminée. Bilan : 5 terroristes tués, 1 militaire blessé et 1 civil tué.

Une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux montre des citoyens au coude-à-coude avec les forces d’intervention. Ceci pourrait paraitre surréaliste pour certains, mais c’est là, peut-être, un fait positif. Celui qui a vécu les opérations réelles pourrait affirmer que cette solidarité de la population a été d’une grande aide. C’est un soutien psychologique pour les forces d’intervention qui l’interprétera comme une union sacrée dans la lutte contre le terrorisme et pour la défense de la patrie. C’est aussi un grand soulagement pour les forces de l’ordre qui ne souhaitent jamais entrer en conflit armé avec la population. Sans oublier que la présence de la population est une aide pour le renseignement tactique, immédiat et en temps réel, qui est le facteur le plus important dans le succès de toute opération.

Les enseignements tirés : après 5 ans de lutte contre le terrorisme en Tunisie, les forces  d’intervention commencent à bien s’acquitter de leur tâche.

Les deux opérations de Rouhia et de Ben Guerdane se ressemblent à plus d’un titre. Ce sont deux actions des forces de l’ordre dont l’objectif est d’éliminer un danger imminent et qui n’ont pas pris du temps pour être couronnées de succès.

La réussite de l’intervention a été facilitée, d’abord, par la disponibilité du renseignement tactique en temps réel, mais aussi par le professionnalisme des unités d’intervention.

L’apport de la population présente sur le terrain a beaucoup facilité l’intervention.

Seule différence entre les deux opérations: les pertes humaines des forces d’intervention sont quasi-nulles à Ben Guerdane. Et c’est là un signe de professionnalisme.

En d’autres termes, les forces d’intervention commencent à bien faire leur travail qui consiste à intervenir pour éliminer un danger terroriste sans assumer des pertes en vies humaines. «Kill before you’re killed» est le mot d’ordre d’un professionnel de l’intervention, qui ne doit pas se vanter d’être prêt à mourir devant un terroriste, mais d’avoir toujours en  tête l’idée de gagner tous les duels.

Hier, les Tunisiens ont  été témoins de la bravoure et du professionnalisme des forces d’intervention et on ne peut que se réjouir de la qualité de leur travail. Un grand bravo donc aux unités d’interventions qui ont participé à l’opération de Ben Guerdane. Et un coup de chapeau à la population de Rouhia et de Ben Guerdane pour leur patriotisme et leur soutien aux forces de sécurité et de l’armée. Les terroristes espéraient, peut-être, trouver sur place  un soutien de la population pour réussir leur coup ; ils ont eu la démonstration du contraire, à leurs corps défendant. Et c’est là un message qui aura son impact : négatif pour le moral des groupes terroristes et positif pour celui des troupes déployées sur le terrain.

* Général à la retraite.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!