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AmCham day : Agribusiness tunisien et marché américain

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Les exportations agricoles tunisiennes vers le marché américain restent encore faibles, eu égard aux potentialités de ce marché où nos produits gagneraient à être mieux connus.

Par Wajdi Msaed

Pour bien se préparer à la prochaine réunion de la Joint Economic Commission (JEC), qui aura lieu le 6 mai 2016 à Washington, la Chambre de commerce tuniso-américaine (AmCham) a organisé la première édition de l’AmCham Day, sous le thème : «L’agribusiness : atouts, challenges et possibilités d’exportations sur le marché américain».

Mieux connaître le marché américain

Cette rencontre, présidée par Zied Ladhari, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, a regroupé une pléiade d’hommes d’affaires, d’entrepreneurs, d’investisseurs et de professionnels en rapport avec le marché américain, ainsi que de représentants d’instances gouvernementales. Elle a permis d’approfondir la réflexion sur la nature et le volume des échanges avec ce marché qui demeure, en importations comme en exportations, en-deçà des aspirations

Une présence a été remarquée : celle de Mohamed Nouri Jouini, ancien ministre du Développement et de la Coopération internationale sous le règne de Ben Ali et bon connaisseur des particularités du marché américain.

«L’objectif est de bien représenter la Tunisie et plaider sa cause à la réunion de la JEC à travers les recommandations pratiques et les propositions concrètes auxquelles aboutira cette rencontre qui constitue le maillon économique du dialogue stratégique entre la Tunisie et les Etats unis d’Amérique», a expliqué Khaled Babbou, président de l’AmCham.

«Les efforts des parties publiques et privées doivent converger dans le cadre d’une volonté commune pour assurer à ce premier round avec le partenaire américain toutes les conditions de réussite et de succès», a précisé, de son côté, le ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi.

L’agribusiness tunisien avec le pays de l’oncle Sam repose essentiellement, côté importations, sur les céréales, les semences et le soja, et côté exportations, sur l’huile d’olive, les dattes, le thon et les sardines, ainsi que les fruits et légumes.

CHO Group, la société de conditionnement des huiles d’olive, la «succes story tunisienne» dans ce domaine, a réussi, en tant que premier exportateur d’huile d’olive tunisienne, à créer sa propre marque et à l’imposer dans plusieurs pays du monde, notamment les Etats-Unis, la Russie, le Canada, le Japon et Taiwan.

Le consommateur américain ne connaît pas la Tunisie

Ce groupe, qui ambitionne de devenir un grand acteur sur le marché mondial, fait face, toutefois, à un grand handicap : le consommateur américain ne connaît pas la Tunisie et ignore tout sur notre pays, sachant que les Etats-Unis, qui sont le plus grand consommateur d’huile d’olive dans le monde, constituent la plaque tournante pour l’exportation vers le Canada, le Brésil et le Mexique.

Ziad Weslati, vice-président de l’AmCham, qui a assuré la modération de la séance, a insisté, de son côté, sur ce facteur, soulignant que les circuits de distribution aux Etats-Unis sont compliqués. «Il est de notre intérêt d’élaborer une stratégie d’intégration dans ce marché prometteur», a-t-il renchéri.

Cette remarque relative au manque d’information et de communication a été partagée par presque tous les intervenants, qui ont appelé à faire un effort supplémentaire dans ce domaine, surtout à travers les médias américains que l’on doit inviter à passer des séjours parmi nous en vue de produire des émissions spéciales sur notre pays. «C’est nécessaire, du moins pour contrecarrer les campagnes de dénigrement orchestrées par des médias étrangers à l’encontre des huiles tunisiennes», a-t-il ajouté.

Les huiles de prestige

«Peut-on mettre en place aux Etats-Unis un bureau qui s’occupe de la promotion de l’huile d’olive?», s’est interrogé Habib Badra, promoteur et exportateur. «Oui, mais la question se heurte au problème des quotas», a répliqué un autre intervenant.

Il s’avère, cependant, que le plus grand problème se rapporte à l’image (ou à l’absence d’image) du pays; ce qui nécessite une stratégie concertée pour se rapprocher du consommateur américain et essayer de se mettre dans sa peau pour mieux répondre à ses besoins.

«Nous devons fournir un effort considérable en matière de communication et songer à la production des huiles de prestige en accordant des encouragements spécifiques aux agriculteurs», a souligné un autre intervenant, en proposant l’organisation d’une journée d’information à l’intention des grands distributeurs américains dans le cadre d’une campagne de promotion institutionnelle.

Pour ce qui est des céréales (pour la consommation humaine et animale), les participants ont évoqué la question de la bonification que les Américains pourraient accorder à nos importations en ces produits dont la valeur globale s’est élevée, en 2015, à 250 millions de dollars.

Dans ce contexte, on est allé jusqu’à demander le démantèlement de la compensation attribuée aux produits céréaliers en Tunisie, qui demeure le seul pays au monde à accorder encore ce privilège aux consommateurs et où l’Office national des céréales (ONC) détient le monopole de la distribution en se basant sur la loi du moins-disant dans ses transactions.

L’emballage et le goût

Evoquant l’exportation des dattes, un intervenant a soulevé le problème de l’emballage qui n’est pas du tout adapté au goût du consommateur américain ou même japonais, faisant remarquer que l’emballage et le goût du consommateur sont étroitement liés.

Pour le thon et les sardines, «on a les bons prix et la bonne qualité, assure-t-on cependant, mais les droits de douanes restent assez élevés».

Quant aux fruits et légumes, le marché américain est loin d’être une cible pour nos exportateurs pour des raisons de logistique, la vraie cible demeurant l’Europe et le Moyen Orient pour des raisons de proximité.

Quoi qu’il en soit l’exportation des produits agro-alimentaires constitue toujours une préoccupation dans un pays où l’agriculture demeure le secteur le plus important en matière d’emploi et où les exportations agricoles ne représentent que 18% du volume global des exportations tous produits confondus.

Il reste donc beaucoup à faire en direction de tous les marchés, et particulièrement du marché américain qui présente un gros potentiel encore très mal exploité.

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