Mohamed et Islem Belmufti.
Islem, épouse de Mohamed Belmufti, militant de gauche tué en juillet 2013 par une bombe lacrymogène, à Gafsa, poursuit l’avocat en charge de l’affaire.
Par Yüsra Nemlaghi
Ce dernier ne s’est pas opposé, jeudi 19 janvier 2017, à la décision de clôture de l’instruction de l’affaire, qui, selon Mme Belmufti, n’a pas encore été achevée puisqu’aucun mandat de dépôt n’a été émis.
Mme Belmufti, qui se bat seule dans cette affaire, a expliqué à Kapitalis que suite à la mort de son époux, 4 policiers ont été accusés de meurtre, 3 de complicité et 2 autres de falsification du procès verbal de l’instruction. Les 9 suspects sont restés en état de liberté et la justice a fait preuve de laxisme dans cette affaire.
La vérité sur ce meurtre n’a jamais été révélée, si tant est qu’elle ait jamais été recherchée. Les coupables sont restés libres et, à la grande surprise de Mme Belmufti, présidente de la Fondation Mohamed Belmufti, l’avocat chargé de l’affaire, Me Mohamed Houcine Tabassi, ne s’est pas opposé à la décision de clôture de l’instruction.
«Il ne m’a pas consultée ni même informé les autres avocats de la défense, ouvrant ainsi la voie au classement de l’affaire. Je ne m’explique pas cette décision, d’autant que l’affaire traîne depuis 3 ans et n’a pas avancé d’un iota», a déploré Islem, en précisant qu’elle a déjà porté plainte contre l’avocat.
Les policiers ayant tiré une bombe lacrymogène directement sur le visage de Mohamed Belmufti continuent à travailler et à circuler librement à Gafsa et il arrive à Mme Belmufti de les croiser en ville, ce qui, dit-elle, ajoute à sa douleur et à sa colère.
Il convient, cependant, de préciser que le ministère public a fait appel de la décision de clôture de l’instruction. Donc, rien n’est encore totalement joué.
Mohamed Belmufti avec son fils Hammouda, en janvier 2011.
Ingénieur à Tunisie Telecom, Mohamed Belmufti est mort à l’âge de 45 ans, alors qu’il prenait part à une manifestation au lendemain de l’assassinat par des extrémistes religieux du député du Front populaire (FP) Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013.
Depuis cette date, le procès traîne en longueur et Islem se retrouve souvent seule avec ses 2 enfants à appeler à ce que justice soit faite. Même le Front populaire, dont Belmufti était un militant actif, ne s’est pas beaucoup dépensé pour l’aider dans son combat.
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