Damas accuse Tunis d’avoir permis, en 2012 et 2013, à des jihadistes tunisiens de rejoindre les rangs d’organisations terroristes opérant en Syrie.
«Ils (les dirigeants de la «Troïka», l’ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha, qui a dirigé la Tunisie de janvier 2012 à janvier 2014, Ndlr) sont coupables d’avoir envoyé des milliers de jeunes Tunisiens en Syrie pour prêter main forte à des groupes terroristes», a déclaré à la presse Fayçal Mokdad, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères (AE), faisant notamment porter la responsabilité de cette erreur tunisienne à Moncef Marzouki, l’ancien président provisoire de la république.
L’adjoint du chef de la diplomatie syrienne a rappelé que la Tunisie, en 2012, avait, unilatéralement et sur une décision fantaisiste de Moncef Marzouki, rompu ses relations avec la Syrie et ordonné à l’ambassadeur de Syrie à Tunis de quitter le territoire tunisien…
De fait, la coalition gouvernementale – dirigée par le parti islamiste d’Ennahdha et qui comprenait Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar et le Congrès pour la République de Moncef Marzouki – avait pris partie «contre le régime de Bachar El-Assad et pour la défense de l’opposition et des populations civiles syriennes», disait-on à l’époque.
L’on oubliait, au passage, les milliers de ressortissants tunisiens qui résidaient et travaillaient en Syrie et qui allaient, par le simple fait de ce coup de tête de Moncef Marzouki, se trouver piégés et abandonnés dans une guerre civile sans merci… et dans laquelle la Tunisie n’aurait jamais dû être impliquée – ni de près, ni de loin.
Pire encore, certaines parties tunisiennes ont trouvé le moyen d’organiser le déplacement d’autres milliers de Tunisiens vers ce que l’on appelle le «foyer de tension» syrien…
Aujourd’hui, le léger mieux que connaissent les relations tuniso-syriennes ne convainc pas entièrement M. Mokdad: «Tout simplement, les relations diplomatiques actuelles entre la Syrie et la Tunisie ne sont, en réalité, qu’une version faussée et défigurée des liens fraternels qui ont toujours uni nos deux pays», expliquant que la représentation consulaire de la Tunisie en Syrie demeure en-deçà de ce que les autorités tunisiennes peuvent faire pour le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
Fayçal Mokdad s’interroge: «Comment cela se fait-il que tant de pays occidentaux ont déclaré leurs intentions de rouvrir leurs ambassades à Damas, alors que la TunDamasisie semble tout simplement ignorer cette idée?»
A noter qu’Ibrahim Fouari a été nommé nouveau consul général de Tunisie à Damas, fin juillet 2015, et la représentation consulaire tunisienne en Syrie a rouvert ses portes début septembre 2015.
Marwan Chahla
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