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Après Néji Jalloul, l’UGTT veut la peau de Lamia Zribi

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qualifie de «choquantes» les déclarations de la ministre des Finances, Lamia Zribi, à propos de la forte chute du dinar tunisien (TND).

Par Abderrazek Krimi 

Dans un communiqué publié lundi 24 avril 2017, le bureau exécutif de la centrale syndicale a dénoncé les propos «gratuits et irresponsables» de la ministre, dont la conséquence a été «une forte chute du cours du TND et une panique au marché monétaire».

Rappelons que pour justifier la décision de mise en flottement du TND, Mme Zribi avait fait une déclaration aux médias, le 18 avril 2017, où elle fit un constat de mauvaise gestion des finances publiques et des équilibres extérieurs, au terme de 6 ans de laxisme et de nonchalance face aux déficits vertigineux des différentes balances de la nation.

Rassurer les acteurs économiques

Selon l’UGTT, ces propos auront de graves retombées sur la compétitivité des entreprises tunisiennes à court terme et encourageront la spéculation et le marché noir de manière qui affectera le pouvoir d’achat des citoyens.

Le bureau exécutif de la centrale syndicale a dénoncé, également, ce qu’il a qualifié de «silence délibéré de la Banque centrale sur la politique de réajustement monétaire», estimant que ce silence a contribué à l’aggravation de la crise du TND au cours des derniers jours.

L’UGTT a appelé, en outre, toutes les parties à s’abstenir de faire de pareilles déclarations et de clarifier le rôle de la Banque centrale dans la mise en œuvre de la politique monétaire, de manière à rassurer les différents acteurs économiques et œuvrer au maintien de la valeur du dinar à travers des mesures «immédiates», comme la limitation des importations pour rééquilibrer une balance commerciale fortement déficitaire.

Cette nouvelle montée au créneau de la part de l’UGTT intervient dans une situation marquée par les tensions sociales dont la centrale syndicale assume une grande part de responsabilité, puisqu’elle a été à l’origine de leur déclenchement et de leur extension.

Ce qui pose des questions sur le rôle de la centrale syndicale qui, au moment où toutes les parties sont appelées à conjuguer leurs efforts pour contribuer au redressement de l’économie nationale, se croit investie de la mission de conduire les mouvements sociaux dans les régions intérieures et d’exiger le limogeage de tel ou tel ministre. Hier, elle a demandé le départ du ministre de l’Education, Néji Jalloul, dont les velléités réformistes ne plaisent pas aux dirigeants des syndicats de l’enseignement primaire et secondaire, attachés au statu-quo marqué par la gabegie et les privilèges. Aujourd’hui, l’UGTT demande la démission de la ministre des Finances Lamia Zribi, coupable d’avoir… tenu un langage de vérité. Elle aurait dû peut-être continuer à mentir, comme le faisaient la plupart de ses prédécesseurs, à la notable exception de Hassine Dimassi, en disant que l’Etat a encore beaucoup d’argent à distribuer sous forme d’augmentations de salaires et de primes!

Un échec collectif

La ministre des Finances assume certainement une petite part de responsabilité dans la détérioration de la valeur du TND, mais elle ne doit pas devenir le bouc émissaire auquel on fera porter la responsabilité d’un échec somme toute collectif, et dont l’UGTT assume, elle aussi, une grande part.

Après tout, Mme Zribi a été appelée aux affaires, dans un moment difficile pour l’économie tunisienne, et elle devait aider à trouver des solutions pour redresser les finances publiques, dont le déséquilibre n’a cessé de se détériorer au cours des 6 dernières années, du fait des mauvaises politiques publiques des gouvernements successifs.

Reste une question que nous sommes tentés de poser aux responsables syndicaux: est-ce par les grèves, les sit-in et les blocages des routes devant les poids lourds à la sortie des usines qu’ils vont contribuer à la relance de la machine de production, seul moyen de créer des richesses et des emplois et de résoudre les déficits publics?

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