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Enseignement supérieur : Une machine à fabriquer des… illettrés

Les maux de l’enseignement supérieur en Tunisie sont innombrables et cette tragédie n’est pas imputable à la «révolution» de 2011.

Par Chokri Mamoghli *

Chokri MamoghliEn cette période d’examens, je passe en revue quelques unes des aberrations qui font que notre système d’enseignement supérieur soit devenu une machine à fabriquer des illettrés, analphabètes et incultes.

Outre l’aberration du mécanisme de la «note sup», dont j’ai déjà parlé **, je voudrais parler aujourd’hui des mémoires de fin de licences appliquées.

L’opinion publique doit savoir qu’il existe deux types de licences: appliquées et fondamentales.

Quand on est en licence appliquée, on ne poursuit les études que pendants deux ans et demi. En fait c’est 5 semestres de 11 semaines (théoriquement 14 mais c’est jamais le cas). Le sixième semestre est consacré à un «stage pratique».

Des armées d’étudiants qui débarquent au mois de février dans les entreprises, les banques, les assurances… Imaginons les faux stages, les fausses attestations, les opérations de complaisance…

Mettons-nous à la place des pauvres étudiant(e)s sans ressources, sans réseaux, sans appuis… dans les régions où il n’y a que très peu de lieux d’accueil pour 300 ou 400 étudiants dans une ville de l’intérieur… je vous laisse imaginer la pagaille.

L’autre cirque réside au niveau des «mémoires» soi-disant rédigés. Une débauche de triche, de plagiat, de «copier-coller», une industrie du trafic démarre chaque année vers le mois d’avril-mai. Un gaspillage de ressources, une saignée pour les finances publiques car il faut bien évidemment rémunérer les enseignants qui «encadrent» cette mascarade.

Je lance un appel pour mettre fin à ce drame de l’enseignement. Je rappelle, par honnêteté, qu’il n’est pas imputable à la «révolution». Non. C’est une tragédie concomitante au système LMD (licence, master, doctorat).

Au lieu de cet énorme gâchis, des cours normaux, techniques et utiles pourraient être dispensés. Les étudiants resteraient dans leurs établissements et maîtriseraient des techniques professionnalisantes.

* Professeur des universités.

** Le principe est le suivant: si à un devoir surveillé (DS) vous obtenez une assez bonne note, vous êtes certain de la garder. Vous pouvez sécher les autres, ou juste venir signer la feuille de présence, obtenir une note de zéro, on vous gardera votre note supérieure. Les étudiants préparent le premier devoir portant sur peu de chapitres, s’arrangent pour obtenir cette note supérieure à 10 et s’endorment, s’évaporent, disparaissent dans la nature.

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