N’ayant pas investi ses emprunts dans un développement créateur d’emplois, la Tunisie est prise au piège d’un endettement sans fin et risque de devenir insolvable…
Par Al-Munji Al-Saidani
Au cours des dernières années, la Tunisie a beaucoup compté sur l’endettement externe pour financer son budget de l’Etat et subvenir à ses besoins en dépenses publiques. Cette démarche a eu pour conséquence logique d’accroître, d’une année sur l’autre, le volume de sa dette, qui dépasse actuellement les 50 milliards de dinars tunisiens.
Cependant, l’annonce récente par la Banque centrale de Tunisie (BCT) de la baisse des réserves publiques en devises a vite fait d’alimenter les craintes que le pays pourrait bientôt être en difficulté d’honorer ses obligations ou de respecter les délais de remboursement établis.
Un recours démesuré aux prêts étrangers
Selon nombre d’observateurs avertis, les autorités tunisiennes éprouvent le plus grand mal à rembourser une dette externe de 6 milliards de dinars qui aurait dû être réglée en 2016. Pour la présente année, la Tunisie devra également payer 8 autres milliards de dinars. Toutes ces lourdes échéances, les retards ou défauts de leurs paiements font courir au pays d’autres risques économiques.
Durant les six derniers mois, le parlement tunisien a approuvé un total de 19 emprunts extérieurs, malgré les reproches des députés de l’opposition et l’insistance de ces derniers que ce recours démesuré aux prêts étrangers fera plier le pays sous le poids de lourdes dettes qui sont loin d’être génératrices d’emplois et qui ne serviront au financement des projets de développement dont la Tunisie a le besoin le plus urgent.
Le pays n’a pas été épargné par les critiques des différentes missions du Fonds monétaire international (FMI) qui ont visité la Tunisie ces derniers mois: l’institution financière mondiale déplore que ses prêts servent très souvent au paiement des salaires des employés pléthoriques du secteur public, au lieu d’être injectés dans le financement de projets de développement capables d’offrir des emplois aux 630.000 citoyens chômeurs que compte la Tunisie.
Ces difficultés, qui impactent immanquablement les capacités de la Tunisie à honorer ses créances internationales, traduisent l’étendue de la dégradation de la situation économique du pays et l’acuité de sa crise financière.
Des prêts destinés à la consommation
Entre autres indicateurs négatifs, les réserves nettes en devises étrangères de la Tunisie ont enregistré une baisse de 41,9 millions de dinars à la fin du mois dernier, ce qui a entraîné une chute de 13 jours de la capacité d’approvisionnement du pays.
L’on s’attend à ce que cette image peu reluisante de l’économie tunisienne et les maigres ressources financières dont dispose le pays touchent les divers remboursements des emprunts contractés et leurs services et elles posent de sérieux problèmes à la capacité de l’Etat de respecter ses obligations financières.
Sur ce point également, les observateurs s’accordent à dire que ce qui rend cette question de la dette externe tunisienne difficile à résoudre, c’est qu’une part importante de celle-ci, sinon sa totalité, est destinée à la consommation et à combler le déficit budgétaire, alors qu’elle devrait être injectée dans des programmes de développement générateurs de richesses et transformateurs de la réalité économique tunisienne.
Tribune traduite de l’anglais par Marwan Chahla
Source: ‘‘Asharq Al-Awsat English’’.
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