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Tunisie-Manipulations présidentielles: Une fois de plus, une fois de trop…

Depuis 1957, toute velléité de transmission héréditaire du pouvoir en Tunisie a été vouée à l’échec. Nous voyons mal comment pareil stratagème pourrait réussir dans la Tunisie postrévolutionnaire de 2019.

Par Assâad Jomâa *

L’histoire de la Tunisie est, certes, jonchée de magouilles et autres «coup ferrés» perpétrés par ses dirigeants politiques à l’encontre du trop bon peuple tunisien («al-Shaâb al-Karîm» comme se plaisait à l’appeler Habib Bourguiba, le «Combattant Suprême»).

Toutefois, les ficelles des machiavéliques rafistoleurs étant devenues à ce point grosses, qu’ils auraient tendance à prendre les enfants du bon Dieu (les Tunisiens en l’occurrence) pour des canards sauvages.
Petit rappel de certains faits, si vous le permettez.

Acte I : Tonitruante victoire aux élections présidentielles (décembre 2014) d’un consortium d’intérêts politico-financiers sorti inopinément du gibus du novembriste/pseudo-bourguibiste Béji Caïd-Essebsi (BCE). Comment l’apparatchik de l’ancienne nomenklatura s’y est-il pris? Rien de plus simple : en usant, voire abusant dans certains cas, de la vieille bonne recette de Ben Ali : terroriser le bon peuple tunisien en mettant en scène les méfaits de la Piovra islamiste. Quitte à forcer la dose, en sollicitant l’aide de certains fidèles amis de la Tunisie (l’odeur de certains assassinats politiques commençant à fleurir bon), si besoin s’en faisait sentir.

Résultat des course : Vote-sanction à l’encontre du parti islamiste Ennahdha et présidentielles en poche pour BCE. Merci les kermessiennes du Bardo, qui doivent de sentir flouée aujourd’hui (sur les 1.300.000 votants pour BCE un million étaient des femmes).

Acte II : L’appétit venant en mangeant, pourquoi s’arrêter en si bon chemin. Fidèle à sa lignée politique, BCE se mit à rêver de placer son chérubin de fils à la tête de l’Etat. À cette fin, il commença par faire place nette à son parti, Nidaa Tounes, bombardant ce faisant son protégé au poste de directeur exécutif de cette coterie qui ne tardera pas à imploser. Seul le parrain en est connu, quant aux seconds couteaux ils ne cessent de briller par leur incognito, tant il est vrai que cette entité politique fantomatique n’a pas, depuis sa naissance forcée, cinq longues années déjà, tenu de congrès constituant !

Acte III : Régnant sans programme politico-économique, tous les expédients politiciens auxquels sacrifiait le prestidigitateur en chef ne servirent qu’à aggraver une crise socio-économique bien installée. Une antinationale politique de droite, voire d’extrême droite, téléguidée par les créanciers étrangers, accentua le ras-le-bol social.

Acte IV : Ne cessant de rouler des mécaniques, le fils prodigue mena campagne, aux municipales de 2018, en aristocrate de la politique, rechignant à mettre la main dans le cambouis de la triste réalité que vivait le Tunisien au quotidien. Le résultat ne se fit pas attendre : un vote-sanction sans appel. Et re-passage du parti islamiste aux avant-postes.

Acte V : Réchauffant le vieux plat de la terreur islamiste, mandat fut précipitamment donné au ministre de l’Intérieur pour décréter crime contre la sécurité de l’Etat toute velléité de rupture publique du jeûne en dehors de l’horaire prescrit par Dieu, dans son infinie sagesse. Egratignant au passage le principe constitutionnel de la liberté de conscience, il déclara que le mois saint musulman était absout de toute contrainte constitutionnelle.

Bien que saugrenue, cette première prise publique de parole depuis sa nomination au poste sus-indiqué (près d’une année), ne provoqua, curieusement, pas d’émoi particulier. Le fait nous fait craindre le pire : contrairement à son mentor en la matière, qui, en son temps, s’était contenté de filmer dans le détail quelques étals de fruits (essentiellement des pastèques) mis à mal par la terreur islamiste, le druide postrévolutionnaire en est arrivé, serait-ce en sous-traitant, à des extrêmes plus regrettables. Nul doute que la milice morale fera sa réapparition, ainsi que certaines ligues miraculeusement disparues depuis 2014. Etc.

Un mot, cependant, à l’adresse du chef de la meute nidaiste : depuis 1957, toute velléité de transmission héréditaire du pouvoir en Tunisie a été vouée à l’échec. De sorte que nous voyons mal comment pareil stratagème pourrait réussir dans la Tunisie postrévolutionnaire de 2019.

Conclusion : l’Histoire étant implacable en ses jugement, entre deux maux choisissez le moindre, celui de l’incompétence. Le crime contre la nation étant un fardeau trop lourd à porter au long cours par vos frêles épaules de quasi centenaire.

* Universitaire.

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