Rached Ghannouchi et Mohamed Ghariani.
«On ne peut pas dissoudre le mouvement Ennahdha puisqu’il est conforme à la loi. Et Al-Moubadara est solidaire avec ce parti», face à la multiplication des appels à sa dissolution, a déclaré Mohamed Ghariani, vice-président du parti de Kamel Morjane.
L’ancien secrétaire général du RCD (parti de Ben Ali dissous en 2011) a estimé que certains Rcdistes et destouriens n’acceptent toujours pas le fait que le mouvement islamiste fasse désormais partie de la scène politique tunisienne, par allusion à Abir Moussi, secrétaire générale du Parti destourien libre (PDL), qui multiplie les appels à dissoudre Ennahdha, au prétexte qu’il est impliqué dans les violences politiques, la montée de l’extrémisme religieux et l’envoi des jeunes Tunisiens pour le jihad dans les zones de conflits.
«Malheureusement, certains destouriens et Rcdistes vivent encore dans le passé et ne peuvent pas garantir autrement leurs présence lors des prochaines échéances politiques», a-t-il déclaré dans une déclaration à Diwan FM, hier, lundi 3 décembre 2018.
M. Ghariani a, par ailleurs, indiqué que le parti Al-Moubadara est tout à fait solidaire avec le mouvement islamiste étant donné que certains dirigeants des deux partis sont membres du gouvernement Chahed III.
Il faut préciser que les liens de Mohamed Ghariani avec le mouvement islamiste remontent aux premières années après la révolution de 2011. On avait alors dit que l’homme avait été sollicité par les islamistes pour aider à un rapprochement entre les anciens Rcdistes et Ennahdha, qui a besoin de compter dans ses rangs des cadres supérieurs connaissant les rouages de l’Etat.
Dans le cadre de ce rapprochement, les islamistes ont empêché, en 2014, le vote d’un projet de loi interdisant toute activité politique aux anciens collaborateurs de Ben Ali, un projet de loi que leurs propres militants défendaient à l’époque. La suite on la connaît : beaucoup de Rcdistes se sont mis au service d’Ennahdha.
En novembre 2017, Mohamed Ghariani avait poussé le rapprochement encore plus loin en estimant que Rached Ghannouchi a les qualités nécessaires pour être président de la république, et ce en raison de son expérience politique et de sa popularité auprès des Tunisiens. Mais maintenant que le président d’Al-Moubadara, Kamel Morjane, a fait part de sa volonté de briguer la présidence, M. Ghariani a-t-il changé d’avis ? Rien n’est moins sûr, car pour cet ex-Rcdisteة Ennahdha est la meilleure police d’assurance qui soit.
E. B. A.
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