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Sursis du FMI à la Tunisie, à l’issue d’une mission achevée le 9 avril

A l’issue d’une mission en Tunisie du 27 mars au 9 avril 2019, le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement tunisien sont parvenus à s’entendre sur les principaux sujets, et à convenir que la Tunisie a besoin de plus de temps pour affiner les mesures envisagées dans certains secteurs.  

Par Amina M.

Cette formule offre l’avantage de dire la chose et son contraire : le gouvernement tunisien peut y voir un FMI conscient des difficultés auxquels fait face le gouvernement Youssef Chahed et de sa marge de manœuvre relativement étroite; alors que le FMI peut affirmer, de son côté, que la Tunisie est loin encore d’avoir respecté ses engagements antérieurs et que l’essentiel des réformes restent à mettre en oeuvre (maîtrise de la masse salariale, rationalisation des dépenses de la caisse de compensation, etc.)

Les discussions restent ouvertes

La visite de la délégation du FMI entre dans le cadre de la discussion des politiques économiques envisagées par le pays, pour achever la 5e revue du programme de réformes économiques de la Tunisie, soutenu par le Mécanisme Elargi de Crédit (MEdC). Les discussions continueront, dans les prochains jours, à Washington.

A l’issue d’un tour d’horizon de la situation de l’économie tunisienne, avec des membres du gouvernement, des représentants de la société civile, des syndicats, etc., le FMI  constate que l’économie tunisienne et les créations d’emplois, sont encore grevées par des déséquilibres importants. La reprise économique reste fragile, et d’importantes vulnérabilités menacent le pays, telle l’incertitude du contexte politique (au vu des prochaines élections) et économique, et des freins structurels comme l’accès imparfait au financement. La croissance, qui s’établirait à 2,7 % en 2019, est trop dépendante de la consommation, tandis que l’investissement et les exportations sont insuffisamment dynamiques.

Par ailleurs, les dettes publiques et extérieures restent élevées et continuent sur leur trajectoire ascendante, ce qui engendre des besoins de financement non-productifs importants, et un fardeau pour les générations futures.

Aussi, l’inflation qui se situe toujours à plus de 7%, contribue à un effritement du pouvoir d’achat, notamment chez les démunis. Quant aux subventions énergétiques, elles profitent surtout aux plus aisés et la masse salariale dans le secteur public, qui, rapportée au PIB, est l’une des plus élevées au monde, est mal contrôlée.

Réformes douloureuses et filet social

Le FMI estime qu’il faut maintenir le cap des réformes engagées, pour réduire le déficit public, reconstituer des réserves internationales de change, maintenir une politique monétaire restrictive, et supprimer progressivement les subventions inégalitaires en matière d’énergie, tout en protégeant les foyers en situation de précarité. Des mesures essentielles au renforcement d’un processus de transition harmonieux, dans un contexte de vulnérabilités macroéconomiques prononcées.

Ces questions sont d’autant plus impérieuses, pense le FMI, que l’environnement extérieur comporte de nouveaux risques, comme la volatilité des cours du pétrole, le ralentissement de la croissance parmi les partenaires commerciaux de la Tunisie au sein de l’Union Européenne, et les effets du regain potentiel des tensions régionales, par allusion à la situation dans l’Algérie et la Libye voisines.

Le FMI se dit conscient que des mesures indispensables auront un impact sur le peuple tunisien, et pense qu’il est primordial pour le gouvernement tunisien de les accompagner d’un renforcement des filets de couverture sociale: la quadrature du cercle en somme.

Source : Communiqué du FMI 

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