Quelle mouche l’a piqué : Sami Fehri fait le pitre à l’aéroport de Tunis-Carthage (vidéo)

Que cherche Sami Fehri, le patron de la chaîne El-Hiwar Ettounsi, en faisant un numéro de pitrerie à l’aéroport de Tunis-Carthage, sur le tapis roulant des bagages ? Cet épisode intervient à quelques semaines du verdict de son procès dans le cadre de l’affaire Cactus Prod, son ancienne boîte de production télévisée, aujourd’hui confisquée par l’Etat…

Filmé à l’aéroport par des voyageurs, Sami El-Fehri, qui était accompagné de son épouse, essayait de faire faire rire la galerie, en montant sur le tapis à bagages, en gesticulant et en esquissant des gestes de clown. C’est normalement interdit, mais évidemment il n’a pas été inquiété.

A la fin de son numéro improvisé, le clown improvisé a lancé aux voyageurs : «Merci au public, j’espère que le spectacle vous a plu».

Reste à comprendre les motivations du magnat de télévision et de s’interroger sur le but recherché. Faire le buzz pour qu’on parle de lui ? Il a toute une chaîne de télévision pour ça, dont il est d’ailleurs le principal présentateur. Mais pourquoi maintenant, alors que le prélude de son procès, ouvert il y a 8 ans, approche ?

Diffusée hier soir, mercredi 7 août 2019, sur les réseaux sociaux, la vidéo a, comme attendu, fait le buzz, mais cette fois-ci les internautes n’ont pas tous trouvé drôle cette surprenante version de Sami El-Fehri.

Certains se sont étonnés du sang froid qu’il cherche à montrer, alors qu’il est poursuivi dans une grave affaire de justice et qu’il risque, dans le meilleur des cas, une amende de plusieurs centaines de millions de dinars, pour dédommager l’Etablissement de la télévision tunisienne (ETT),
qui avait porté plainte contre lui, après la chute de l’ancien régime, en janvier 2011.

Il est à rappeler que son ancienne société, Cactus Prod, fondée en association avec Belhassen Trabelsi, le beau-frère de Zine El Abidine Ben Ali, en fuite depuis plus de 8 ans et en détention actuellement dans une prison française, avait utilisé le personnel et les équipement et pompé l’argent de la publicité de la chaîne publique Tunis 7 entre 2003 et 2011.

Mais lorsqu’on connaît Sami El-Fehri, on peut se permettre de dire que ce n’est ni de l(inconscience, ni de l’insouciance, mais plutôt une manière de prétendre qu’il va bien, qu’il ne craint rien et qu’il profite de l’instant présent, parce qu’il n’a rien à se reprocher.a D’autant que son affaire en justice qui traîne depuis des années a fait beaucoup de bruits ces derniers temps.

En avril dernier, Sami El-Fehri, avait déclaré qu’il se battrait contre la fermeture de l’autre chaîne privée, Nessma TV, de Nabil Karoui, ordonnée par la justice pour non-conformité au cahier des charges relatif à la diffusion audio-visuel. Mieux, ou pis, les plateaux El-Hiwar Ettounsi sont aujourd’hui mobilisés à défendre la candidature de Nabil Karoui à la présidentielle du 15 septembre 2019, en espérant peut-être, en cas de victoire de ce dernier, un éventuel renvoi d’ascenseur… sous forme d’intervention auprès de la justice pour classer les dossiers des procès en cours ou les faire pourrir dans les tiroirs.

Reste à savoir si un président de la république dans la Tunisie actuelle peut se permettre la légèreté d’une intrusion dans le fonctionnement de la justice, considérée par la constitution, comme un pouvoir indépendant et autogéré.

Y. N.