Le député et président du bloc parlementaire Al-Karama, Seifeddine Makhlouf, surnommé «l’avocat des terroristes» blanchit le terrorisme et justifie l’attaque kamikaze perpétrée aujourd’hui, vendredi 6 mars 2020, aux Berges du Lac 2, au nord de Tunis, contre une patouille sécuritaire, près de l’ambassade américaine. Du déjà vu…
Peu après l’attaque menée par deux terroristes en moto et qui a fait un mort parmi les forces de l’ordre, Seifeddine Makhlouf a publié un statut sur sa page Facebook pour dire que l’attentat a été planifié par… des agents de renseignements étrangers, qui visent la sécurité et la stabilité en Tunisie (sic!).
De son côté, Imed Dghij, ancien membre de la Ligue de protection de la révolution (LPR), milice violente au service du parti islamiste Ennahdha, et membre d’Al-Karama, a apporté sa «brillante» analyse lui aussi : «Cette attaque était attendue, après ce qu’a fait Abir (en référence à la présidente du PDL Abir Moussi), cette semaine au parlement. Elle distribue les passes et les terroristes marquent le but», a-t-il écrit dans un post Facebook. C’est la fameuse théorie du complot qui justifie tout et, ici, le terrorisme.
Imed Dghij, rappelons-le, habite au Kram et a longtemps contribué à la radicalisation des jeunes de ce quartier populaire du nord de Tunis, lorsqu’il était membre de la LPR, avant sa dissolution par la justice en mai 2014. Le Kram, c’est justement le quartier où habitait l’un des deux terroristes qui s’est fait exploser vendredi…
Dans la foulée, un communiqué a été publié par Al-Karama reprenant ces deux idées majeures et visant à blanchir le terrorisme : l’attaque n’a pas été menée par des extrémistes religieux, mais par les renseignements secrets étrangers et encouragée par les derniers événements et les tensions au parlement, selon cette coalition regroupant des extrémistes religieux, dont un imam limogé pour des prêches radicaux, Ridha Jaouadi, qui sévissait dans la mosquée Lakhmi à Sfax où il s’attaquait aux journalistes, aux artistes et aux intellectuels laïcs, qualifiés de mécréants, ce qui, dans l’esprit de ces extrémistes religieux, équivaut à un appel au meurtre…
«Les membres de l’ancien parti au pouvoir (en référence au PDL), instrumentalisent les médias et créent délibérément la tension à l’Assemblée, pour servir un agenda anti-révolutionnaire», lit-on dans le communiqué d’Al-Karama, dont les membres se considèrent comme les auteurs et les défenseurs de la révolution du 14 janvier 2011, ce qui est pour le moins une allégation totalement infondée.
Pour appuyer sa thèse complotiste, Al-Karama affirme que le «timing de cette attaque coïncide avec le projet des forces nationales libres visant à faire pression pour l’ouverture du dossier du pétrole et des richesses pillées et qu’il s’agit d’un complot, comme toutes les autres attaques qui ont précédé»…
Comme après chaque attentat menée par des leurs, les extrémistes religieux tentent de faire diversion et pourtant, aujourd’hui, c’est eux qui sont pointés du doigt par des activistes et des politiciens, à l’instar de l’ancienne députée, Fatma Mseddi, qui présidait, à l’Assemblée, la commission d’enquête sur l’envoi des jeunes dans les zones de conflits.
«Les auteurs de l’attentat sont des vôtres, vous qui prônez le « takfir » (accusation d’apostasie)» , a-t-elle écrit, sur son compte Facebook, en s’adressant à Al-Karama.
Car rappelons-le, Mohamed Afess député Al-Karama et son collègue Nidhal Saoudi, avaient accusé, avant-hier, lors d’une séance plénière, «des parties», d’être «des ennemis de l’islam», en référence au parti présidé par Abir Moussi, qu’ils accusent aujourd’hui d’être derrière l’attaque kamikaze !
Bref, ces gens sont dangereux, des fous à lier, et leur place n’est pas à l’Assemblée, mais, dans un pays normal et qui respecte ses lois, en prison.
Y. N.
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