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Silence, Abbou et Chaouachi combattent la corruption !

Les dirigeants d’Attayar, membre de la coalition gouvernementale, nous rebattent les oreilles avec «leur» lutte contre la corruption, mais au-delà des effets d’annonce pour amuser la galerie, ont-ils vraiment avancé d’un iota sur ce dossier, maintenant qu’ils sont au gouvernement? Qu’on nous permette d’en douter…

Par Imed Bahri

Mohamed Abbou, ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la Bonne gouvernance et de la Lutte contre la corruption (excusez du peu !), et Ghazi Chaouachi, ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, ont suffisamment de prérogatives pour tenter de faire avancer certains dossiers de la corruption qui font du surplace depuis 2011, mais ont les voit plutôt s’agiter dans toutes les directions dans ce qui s’apparente à de la diversion politicienne. Car tout semble bouger pour que rien ne change. Et pour cause…

Les contribuables, ces éternels dindons de la farce

Il y a trois semaines M. Chaouachi a organisé une réunion à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) à propos de l’affaire de la Banque franco-tunisienne (BFT) opposant le gouvernement tunisien à l’Arab Business Consortium Investment (ABCI), un fonds d’investissement basé aux Pays-Bas. Et le ministre a tenu à ce que cette réunion soit fermée, pourquoi ? Qu’a-t-il à cacher aux contribuables, les éternels dindons de la farce ?

On ne s’attendait certes pas à des décisions importantes concernant cette affaire remontant aux années… 1980 et qui a fait l’objet, en juillet 2017, d’une décision du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi) condamnant l’Etat tunisien.

On s’attendait, tout au moins, à des révélations sur les complicités se trouvant derrière cette affaire qui risque de mal se terminer et de coûter beaucoup d’argent aux caisses de l’Etat que l’ont dit exsangues sinon quasi-vides.

Au final, il n’en fut rien, M. Chaouachi a parlé pour ne rien dire. En fait, il n’avait qu’un seul souci, tirer d’affaire Slim Ben Hamidane, son ancien camarade au sein du Congrès pour la république (CpR) qui aurait mal géré l’affaire lorsqu’il était ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières de 2011 à 2014. Et d’en faire porter le chapeau à Hamed Nagaoui, qui était à la même époque représentant du Contentieux de l’Etat. Ce Hamed Nagaoui qu’on a fait accréditer par des fuites dans les médias qu’il a quitté la Tunisie et qu’il se trouve depuis le début de l’année à l’étranger. Un coupable idéal, en somme, mais la ficelle est trop grosse.

L’Etat tunisien truffé de copains et de coquins

Désolé, M. Chaouachi, mais tout cela ressemble plus à de la manipulation qu’à une volonté sincère d’avancer sur «le plus grand dossier de corruption que la Tunisie ait connu au cours des trente dernières années», selon l’expression même de l’ex-chef de gouvernement Youssef Chahed.

À travers ses effets de manche, M. Chaouachi cherche, à n’en pas douter, à noyer le poisson ou à provoquer un écran de fumée pour éviter d’aller au cœur de l’affaire et de nommer les responsables qui, au sein même de l’appareil de l’Etat tunisien (ministres, cadres supérieurs, administrateurs judiciaires…) et dans les sphères d’influence (hommes politiques, affairistes…) ont fait leur miel de la banqueroute de la BFT et qui veulent aujourd’hui faire payer les pots cassés aux contribuables tunisiens, d’autant que le Cirdi, qui a opposé une fin de non-recevoir à toutes les tentatives de diversion de l’Etat tunisien, est en train d’évaluer les dommages subis par ABCI et que cet Etat, si mal gouverné et truffé de copains et de coquins, va devoir payer.

Selon certains experts, les dommages et intérêts qui vont être payés par l’Etat tunisien à ABCI pourraient dépasser la coquette somme de 1 milliard de dollars américains, c’est-à-dire environ 3 milliards de dinars tunisiens.
L’Etat tunisien, dirions-nous, en fait ceux qui vont payer la très lourde facture ce seront nous autres contribuables tunisiens, ayant toujours payé nos impôts rubis sur ongle et remboursé nos crédits bancaires jusqu’au dernier dinar.

Alors, MM. Abbou et Chaouachi, les Zorro de la lutte contre la corruption, au lieu de vous agiter et d’occuper l’opinion par des larcins de petits Arsène Lupin, qu’avez-vous à nous révéler à propos de cette affaire et de la manière dont vous comptez la régler, si vraiment vous avez la volonté de la régler, car nous avons de bonnes raisons d’en douter ?

Sachez, cependant, que nous vous attendons au tournant, car, nous autres, nous avons des révélations à faire…

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