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Coup de poker : Un 2e gouvernement Fakhfakh sans Ennahdha

Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a annoncé ce soir, lundi 13 juillet 2020, avoir décidé un remaniement ministériel, qui sera annoncé dans les prochains jours, en précisant que cette décision survient suite à l’appel du conseil de la Choura d’Ennahdha d’entamer des négociations afin de procéder à des ajustements dans la composition actuelle du gouvernement.

Par Yüsra Nemlaghi

Selon le communiqué publié par la présidence du gouvernement, on comprend qu’Elyes Fakhfakh compte remplacer les ministres Ennahdha, suite aux positions prises à son encontre par le parti islamiste, estimant que cela dénote un manque de solidarité gouvernementale.

En effet, la présidence du gouvernement, précise que le chef du gouvernement n’a ménagé aucun effort, au cours des dernières semaines, pour renforcer la cohésion de la coalition gouvernementale : «Cependant, ces efforts ont été perturbés par des efforts parallèles et infructueux du parti Ennahdha pour apporter des changements au niveau du gouvernement, affaiblissant ainsi son harmonie et sa volonté de rompre avec l’ancien modèle de gouvernance du pays. Cela a donc aussi perturbé l’action du gouvernement et sa stabilité», lit-on dans le communiqué de la présidence du gouvernement, qui rappelle qu’Ennahdha a accepté d’être membre de la coalition gouvernementale et a signé le document contractuel, «or son appel à former un nouveau gouvernement représente une violation flagrante du contrat politique qui le lie aux autres partis et au chef du gouvernement», ajoute le communiqué, faisant allusion à l’insistance d’Ennahdha pour intégrer Qalb Tounes à la coalition gouvernementale malgré le refus des autres formations.

Aussi la présidence du gouvernement estime-t-elle que le parti présidé par Rached Ghannouchi a utilisé l’affaire de conflit d’intérêts visant Elyes Fakhfakh, pour expliquer sa position, tout en affirmant que l’opinion publique a été trompée sur cette affaire, pour servir des intérêts partisans étroits.

«Cet appel va contre le principe de la solidarité gouvernementale et démontre les intentions d’Ennahdha de se défiler de ses obligations et engagements envers ses partenaires de la coalition gouvernementale et des efforts nationaux pour sauver l’État et l’économie du pays», lit-on encore dans le communiqué, qui précise que le remaniement ministériel sera élaboré en fonction de l’intérêt de la nation, et sera annoncé dans les jours à venir.

Rappelons que le président de la république Kaïs Saïed a reçu, ce matin, Elyes Fakhfakh et le SG de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi pour notamment discuter de la proposition d’Ennahdha, annoncée hier, relative à des concertations pour la formation d’un nouveau gouvernement.

«Tant que le chef du gouvernement dispose de toutes ses prérogatives, qu’il n’a pas démissionné et qu’il n’y a pas eu de motion de censure à son encontre, il n’y aura aucune concertation», avait fermement lancé Kaïs Saïed, tout en assurant qu’il s’oppose à toute forme de chantage.

«Je n’accepterai pas le travail dans les chambres fermées ni les manœuvres», avait-il soutenu, tout en déplorant les sorties médiatiques des dirigeants nahdhaouis (sans les nommer explicitement), et en assurant que ces derniers ont induit l’opinion publique en erreur.

Les deux faits majeurs de la journée sont liés et traduisent une volonté du gouvernement et de la présidence de la république, soutenus par l’UGTT, d’en finir avec les marchandages politiques du parti Ennahdha, qui cherche à imposer sa mainmise sur le pays, malgré les difficultés socio-économiques auxquelles il fait face et qui devraient inspirer une meilleure solidarité gouvernementale.

Ce coup de théâtre est l’expression d’un ras-le-bol général et c’est ainsi qu’il a été ressenti par beaucoup de Tunisiens lassés par les interminables manœuvres des islamistes, incompétents (ils ont mis le pays à genou) et assoiffés de pouvoirs et de privilèges, ne pensant qu’à leurs propres intérêts et à ceux de l’organisation internationale des Frères musulmans.

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