À en croire le député fantasque Fayçal Tebini, Safi Saïd tutoie Élisabeth II, Trump, Macron, Merkel et Xi Jinping. Il serait un grand de ce monde. Et mérite de siéger au Palais de la Kasbah où il succédera à quelques insignifiants technocrates.
Par Imed Bahri
En effet, Tebbini a proposé Saïd comme futur chef de gouvernement pour «ses fréquentations des personnalités et des leaders mondiaux, sa maîtrise des relations internationales et ses relations pouvant être bénéfiques pour la Tunisie» tel que le notifiait la correspondance envoyé par le fantasque député au président de la République Kaïs Saïed qu’on peut d’ailleurs lire sur sa page Facebook dépassant les 173 000 followers!
Le fantasque et l’explosif
Le député fantasque aux multiples frasques habitué depuis six ans à faire parler de lui en défrayant la chronique a soumis au chef de l’Etat en sa qualité de président d’un fantomatique parti dénommé «La voix des agriculteurs» (dont, visiblement, seul M. Tebini est membre, puisqu’on n’a entendu jusque-là que sa voix) cinq candidats pour le poste de chef de gouvernement.
Il a proposé deux politiques Ghazi Chaouachi (vice-président d’Attayar et actuel ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières) et Sonia Ben Cheikh (Tahya Tounes, ex-ministre de la Jeunesse et du Sport, et de la Santé par intérim), mais aussi deux technocrates Fethi Zouhair Ennouri (professeur d’économie) et Mongi Hamdi (ancien ministre des Affaires étrangères.
Toutefois M. Tebini leur préfère le député Safi Saïd, journaliste et écrivain haut en couleurs, réputé pour ses accès de colère lors des talkshows télévisés, qu’il a mis en pole position dans sa liste. Privilège qui échoit à celui que le fantasque Tebini considère comme le Henry Kissinger tunisien.
Un homme du terroir et des territoires
D’ailleurs, tant qu’on y est, pourquoi M. Saïed ne nommerait-il pas le fantasque Tebbini chef de gouvernement ? Après tout, c’est un homme du terroir et des territoires, comme on dit aujourd’hui, dans les médias, du Premier ministre français Jean Castex. N’a-t-il pas dit, le dimanche 16 avril 2017, au stade de Bousalem aux policiers: «Je suis le chef, c’est moi qui commande ici. Vous ne savez pas à qui vous avez affaire», en insultant et en menaçant de les faire muter s’ils ne respectent pas son «statut de leader chef de Bousalem».
Un baron local bien enraciné et réélu en 2019, faut-il aussi le rappeler en dépit de son bilan maigrichon et de tous ses excès, pourrait, avec sa gouaille, réconcilier les multiples Tunisie, la rurale et la citadine, la côtière et celle de l’intérieur du pays, elle de la plaine et celle de la montagne.
Seul hic, la personnalité fantasque et burlesque de Tebbini ne colle pas trop avec la personnalité du très austère et réservé Kaïs Saïed. De plus, M. Tebbini est un vrai bleu en droit constitutionnel. Pour preuve : dimanche dernier, il a proposé que M. Saïed soit à la fois président de la république et chef de gouvernement!
Ses chances s’avèrent donc mince pour le Palais de la Kasbah, son candidat Safi Saïd qu’il considère comme l’égal de Henry Kissinger aurait peut-être plus de chance de s’y installer, encore faut-il qu’il apprenne à contrôler ses nerfs, car à la Kasbah, les contrariétés ne manqueront pas.
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