Soyons clair, la réouverture des frontières tunisiennes, le 27 juin 2020, était inévitable pour des raisons économiques, notamment pour tenter de sauver la saison touristique, mais aussi sociales, afin de permettre à nos ressortissants résidents à l’étranger de retourner à leur pays et de retrouver leurs familles. Mais depuis quelques jours, on constate un événement qui pourrait montrer la limite des mesures prises lors de cette réouverture.
Par Pr Faouzi Addad *
En effet, l’aéroport international de Tunis-Carthage, qui a vu s’y installer la première caméra de détection thermique dès le 27 janvier dernier, en préparation de la première bataille contre le coronavirus, vient d’être cette fois touché au cœur par l’ennemi invisible. On y dénombrait, à la fin de la semaine dernière, 26 cas d’infection. Une situation qui pourrait très vite devenir incontrôlable malgré les efforts pour tester tous les employés de l’aéroport, sachant que 30% des tests effectués sont faussement négatifs.
Un premier décès enregistré, après plusieurs semaines de répit
Cette fois, il semble qu’on a enregistré du retard et non de l’avance sur le virus, du moins dans cette zone ô combien névralgique. Car, combien de voyageurs ont déjà été contaminés au cours de leur passage par cet aéroport? Combien de proches des employés de cet aéroport touchés seront eux aussi contaminés? C’est encore tôt pour le savoir.
De même, le premier décès enregistré la semaine écoulée, après plusieurs semaines de répit, montre que la situation ira en s’aggravant dans les prochains jours, si les Tunisiens ne se ressaisissent pas et ne mettent pas fin à leur laisser-aller vis-à-vis du virus, et ce en renouant avec les mesures barrières.
L’une des mesures qui avaient changé la donne au début de la «première vague» fut la mise en place des centres de confinement obligatoire.
Aujourd’hui, des ressortissants tunisiens rentrés au pays se baladent tranquillement dans la ville, dès le premier jour de leur débarquement, en embrassant tous les membres de leur famille et leurs amis, après avoir traversé les aéroports en grande partie infestés, en prétextant un «test négatif» datant de plusieurs jours.
L’Etat tunisien doit reprendre les choses en mains
Sur le plan continental, le cap des 500.000 cas de Covid-19 vient d’être atteint en Afrique du Sud, montrant que le continent africain n’est plus aussi épargné qu’au tout début de la pandémie. Et des médecins algériens, mal protégés contre la contamination, continuent de mourir.
Disons-le clairement, l’Etat tunisien doit reprendre les choses en mains et notamment prendre des décisions qui pourraient être douloureuses comme la mise en quarantaine de l’aéroport de Tunis-Carthage et le recours à celui d’Enfidha-Hammamet, ou les restrictions sur les lieux de rassemblement de plus de 30 personnes, ou encore l’imposition du port du masque dans tous les lieux publics…
Les prochains jours vont nous apporter de très précieux renseignements sur l’évolution des cas graves d’affection par la Covid-19 dans notre pays. Nous devons protéger de nouveau nos mamans et nos papas, en évitant les contacts à risque. Une seconde bataille semble se profiler à l’horizon et on doit bien s’y préparer.
* Professeur en cardiologie.
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