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« Mémoire » du tandem Bouzouita-Sanhaji ou le piège de la souffrance permanente

C’est avec la pièce « Mémoire », d’Artis Production, mise en scène par Slim Sanhaji et Sabah Bouzouita sur un Texte de Sabah Bouzouita que le Théâtre de l’Opéra de Tunis a inauguré vendredi 2 octobre 2020, un cycle théâtral de grande facture artistique qui s’étendra jusqu’au 11 octobre, avec de nouvelles créations qui seront présentées au Théâtre des régions et au Théâtre des Jeunes créateurs à la Cité de la culture Chedli Klibi.

Cette programmation, qui coïncide avec une flambée de la pandémie du Covid 19 en Tunisie et dans le monde, vient à point nommé rappeler l’urgence de la culture comme une ultime promesse, un besoin vital, et une passerelle généreuse donnant sur des rivages plus cléments.

Dans une ambiance très décontractée et dans un théâtre plus que sécurisé à travers la mise en place d’un protocole minutieux contre la propagation de la Covid-19 avec le respect notamment de la distanciation physique, l’utilisation systématique du gel antibactérien, la désinfection des lieux avant l’entrée du public, que le férus du théâtre et les représentants des médias se sont retrouvés à cette occasion pour découvrir cette nouvelle création tant attendue qui signe le retour sur scène de Sabah Bouzouita après plus de dix ans d’absence.

Un huis clos étouffant

Inspirée de « La jeune fille et la mort » d’Ariel Dorfman, « Mémoire » de Slim Sanhaji et Sabah Bouzouita plonge le public dans un huis clos étouffant où les protagonistes, prisonniers d’eux-mêmes et de leur passé, cherchent vainement une issue, à travers des dialogues frôlant le délire car stériles et hermétiques en dépit de leur force et de leur profondeur,

« Mémoire » est une descente dans les abîmes de la nature humaine prise au piège de la vie sous ses aspects les plus cruels et les plus chaotiques. C’est l’autopsie d’une mémoire en souffrance et qui refuse le renoncement et l’oubli, car synonyme de faiblesse et de lâcheté. C’est un duel permanent entre la conscience toujours en éveil, toujours rebelle contre l’uniformisation, toujours en guerre contre l’injustice, la domination sous toutes ses formes.

Un système infernal où tout le monde est coupable

Portée par Sabah Bouzouita dans le rôle de Kenza, Ridha Boukaddida dans le rôle de médecin tortionnaire et de Alaeddine Ayoub dans le rôle de Mortadha son époux, avocat de son état, « Mémoire » retrace la souffrance permanente d’une ancienne victime de l’oppression, cassée, humiliée et piégée dans un système infernal où tout le monde est coupable à commencer par son propre époux, un idéaliste des droits de l’homme qui a fini par se retrouver lui-même un pion parmi les pions.

Dans cette première de « Mémoire », on retrouve Sabah Bouzouita, avec sa présence imposante sur scène, son jeu sincère, franc, direct et poignant qui tient le public en haleine de bout en bout de la pièce, dont la mise en scène cultive les émotions et prône l’art du comédien.

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