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Attentat de Sousse: L’explication entre Tunis et Londres

Habib-Essid-et-David-Cameron

La Tunisie cherche à faire revenir la Grande-Bretagne sur sa décision d’interdire à ses ressortissants la destination Tunisie.

Par Marwan Chahla

Une délégation de hauts responsables tunisiens est à Londres, à partir d’aujourd’hui lundi 20 juillet 2015, pour présenter le point de vue du gouvernement de Habib Essid auprès de son homologue conservateur David Cameron que la Tunisie comprend que la sécurité des touristes britanniques soit une priorité absolue pour le Royaume-Uni et que les autorités tunisiennes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour la garantir, mais qu’élever la vigilance britannique jusqu’au degré de l’interdiction du voyage en Tunisie revient, en définitive, à permettre au terrorisme de marquer un point imparable.

Londres fait le jeu des terroristes

Le chiffre d’un demi-million de touristes britanniques que la Tunisie comptait accueillir cette année ne sera jamais atteint – loin s’en faut –, les voyagistes et tour-operators du Royaume-Uni tourneront le dos à la destination tunisienne pour de nombreuses années et l’économie tunisienne ne s’en remettra pas de sitôt de cette désertion britannique – à laquelle sont venues s’ajouter celles d’autres pays occidentaux qui ont choisi d’emboiter le pas à Londres.

Bref, les terroristes pourraient se targuer, là, d’avoir remporté une manche…

Le groupe de responsables tunisiens, qui rencontrera aujourd’hui Tobias Ellwood, le sous-secrétaire britannique aux Affaires étrangères, aura donc pour mission de convaincre Londres de revoir son interdiction.

Mahmoud Ben Romdhane, membre de cette délégation tunisienne, a déclaré au quotidien britannique ‘‘The Guardian’’ que la décision britannique, qui consiste à placer la priorité de la sécurité des touristes britanniques au-dessus de toute autre considération peut, en définitive, s’avérer contreproductive car l’alerte du Foreign Office joue le jeu même des terroristes qui ont perpétré l’attentat de l’hôtel Riu Imperial Marhaba, à Sousse, le 26 juin dernier, qui a coûté la vie à 30 citoyens britanniques.

«Nous sommes ici à Londres pour, en premier lieu, présenter nos condoléances aux familles des victimes, et, en deuxième lieu, nous tenterons de convaincre les autorités britanniques que leur interdiction de voyage en Tunisie devrait être levée, car il s’agit d’une décision pénible que la Tunisie aura du mal à supporter et qu’elle sert les intérêts et la stratégie des terroristes», a déclaré M. Ben Romdhane.

Le ministre tunisien du Transport a également expliqué que «cette décision du gouvernement de M. Cameron fera de la Tunisie un pays lointain que plus personne ne visitera; et c’est précisément l’objectif des terroristes. C’est ce message-ci que nous avons l’intention de faire passer auprès des autorités britanniques et l’opinion publique du Royaume-Uni.»

Les démocraties unies face au terrorisme

M. Ben Romdhane insiste: «En termes plus simples, la Tunisie est un pays ouvert qui ne possède pas beaucoup de ressources naturelles. Nous misons plutôt sur nos ressources humaines et nous comptons aussi sur notre ouverture sur le monde. Ceci est essentiel pour nous. Ceci est vital…».

Tout en expliquant que des démocraties comme la Tunisie et le Royaume-Uni, face aux dures épreuves comme celles auxquelles la Tunisie est confrontée actuellement, devraient demeurer solidaires, le ministre du Transport a rappelé que les autorités tunisiennes ont suivi à la lettre les conseils sécuritaires de Londres – en déployant des forces de l’ordre en nombres suffisants et installant des caméras de surveillance dans les hôtels et aux alentours.

La délégation tunisienne, qui est à Londres pour défendre le point de vue tunisien, comprend également Mohamed Ennaceur, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et Selma Elloumi Rekik, la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, et plusieurs députés.

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