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L’Utica et la mort annoncée de l’industrie tunisienne

 Industrie-tunisienne

On ne dénoncera jamais assez la complicité de l’Utica, la centrale patronale tunisienne, dans le massacre programmée de l’industrie tunisienne.

Par Mohamed Chawki Abid *

Depuis 5 ans, l’ensemble des 6 gouvernements post-Ben Ali ont fait montre d’un laxisme irresponsable face à la torture intense dont les PMI tunisiennes faisaient l’objet, notamment par la non régulation de l’Accord de libre-échange conclu avec l’Union européenne en 1995, l’entrée en vigueur en 2012 (sous la férule du gouvernement conduit par les islamistes d’Ennahdha) d’un accord de libre-échange avec la Turquie et l’élargissement du libre-échange à d’autres pays via un démantèlement tarifaire (prévu par la Loi de Finances 2016).

A présent, les secteurs les plus sinistrés sont les industries du textile et de l’habillement et celles du cuir et de la chaussure.

Si ces deux secteurs sont connus pour être «fortement employeurs», la fermeture des 300 unités industrielles a entraîné la suppression de 40.000 emplois et l’observation de plus de 300 millions de dinars tunisiens (TND) de créances carbonisées auprès du système bancaire.

Le pire c’est que ce massacre prémédité a bénéficié de la complicité même de la présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), Wided Bouchamaoui, dont le groupe familial est en train de se dessaisir de son infrastructure industrielle dans le textile pour se convertir en importateur de prêt-à-porter avec l’installation de l’enseigne Kiabi en Tunisie (via un partenariat entre la célèbre chaîne française et la société Textile Retail Company, filiale de Hédi Bouchamaoui Group).

Maintenant, deux autres secteurs industriels commencent à être ébranlés par les produits turcs et sud-est asiatiques, à savoir les matériaux de construction et l’agroalimentaire.

Alors, pourquoi la direction de l’Utica n’avait-elle pas tiré les sonnettes d’alarme depuis 2012 pour défendre les industriels tunisiens auprès des pouvoirs législatifs et exécutifs, et pour emmener le gouvernement à revoir ses projets de lois déjà soumis à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et qui sont relatifs au code d’investissement, au plan quinquennal 2016-2020, au partenariat public privé (PPP), à l’Accord de libre échange complet et approfondi avec l’Union européenne (Aleca), qui devra sceller l’ouverture des secteurs des services et de l’agriculture à la concurrence étrangère (bonjour les dégâts !), ou encore la mise en place annoncée d’une société de gestion des actifs, plus communément appelée AMC (Assets Management Company), etc.?

Tout silence face à ce qui s’apparente à un crime économique ne vaut-il pas complicité?

C’est ainsi qu’un grand nombre d’industriels taxent aujourd’hui l’Utica de complicité manifeste dans le massacre du tissu industriel national bâti de toutes pièces depuis l’indépendance, et l’envolée du chômage dans le secteur des industries manufacturières.

*Ingénieur économiste.

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