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Inclusion financière : La Tunisie veut rattraper son retard

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Les deux-tiers de la population tunisienne n’accèdent pas encore aux services bancaires et d’assurances. L’inclusion financière doit donc être une priorité.

Par Wajdi Msaed

Plusieurs chiffres inquiétants ont été avancés par le ministre des Finances dans l’allocution qu’il a prononcée, hier matin, à l’ouverture du colloque consacré à «une nouvelle stratégie de l’inclusion financière en Tunisie», organisé par son département, les 16 et 17 mai courant, en collaboration avec l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICD) et l’Agence française de développement (AFD). Slim Chaker a, en effet, révélé que le taux de l’inclusion financière en Tunisie ne dépasse guère 36%, qui est très faible par rapport aux standards internationaux.

Un déficit de communication

«Malgré les grands efforts déployés par l’Etat pour rapprocher les services financiers des citoyens, les deux-tiers de la population tunisienne de plus de 15 ans (64%) n’accèdent pas encore aux services bancaires et d’assurances ou font une utilisation très limitée des services financiers formels, soit par ignorance, soit par manque de moyens», a-t-il précisé. De même, 30% à 40% des particuliers et près de la moitié des entreprises (TP-PME) sont non (ou mal) servies en matière de services financiers.

Ce retard, le ministre l’impute à une défaillance de son département, qui n’a pas suffisamment communiqué pour faire connaître le concept et les mécanismes de l’inclusion financière au large public dans toutes les régions du pays et notamment dans les zones reculées. «Nos efforts sont mal marketés et beaucoup reste à faire, à commencer par les nombreuses associations de micro-finance (AMF) qui doivent unir leurs efforts et se regrouper en une seule entité par gouvernorat», a encore précisé le ministre, qui a salué, au passage, l’initiative prise en ce sens par les AMF du gouvernorat de Kairouan. «Cette initiative doit être prise en exemple pour éviter aux autres associations l’éparpillement et la disparition», a ajouté M. Chaker.

Conscient de l’importance du rôle que peut jouer l’inclusion financière dans la dynamique de développement socio-économique du pays, le ministre a insisté sur la solidarité nationale, qui est nécessaire à la consolidation du processus de création d’emplois en faveur des couches marginalisées et ce grâce à un accès plus facile au financement, sachant que 35% des demandes de financement présentées par les particuliers n’ont pas été satisfaites en 2015 et que ce taux atteint 50% pour les PME-PMI.

Pour une stratégie nationale d’inclusion financière

Le ministre des Finances a mis en exergue, dans ce contexte, le rôle moteur que doit assumer son département et le travail de communication qu’il doit assumer pour convaincre l’opinion publique que l’inclusion financière n’est pas une démarche isolée mais un processus qui doit s’insérer dans une politique cohérente visant à consolider le système financier national grâce aux différentes réformes qui y ont été mises en route.

Affirmant que son département et lui-même vont désormais plaider davantage pour la cause de l’inclusion financière, M. Chaker a appelé les présents à participer à l’élaboration d’une stratégie nationale dans ce domaine. Cette stratégie doit être basée sur 3 axes fondamentaux : un cadre réglementaire adéquat, une centrale des risques et un observatoire de l’inclusion financière.

Ce cadre réglementaire a été, aussi, réclamé par Katia Raguzzoni, consultante indépendante de la coopération italienne, qui a basé son intervention sur une vision concertée à partir du bilan et des leçons tirées de l’expérience tunisienne. Tout en appelant au développement des régions reculées par le biais des microcrédits, Mme Raguzzoni a plaidé pour une meilleure gouvernance de ce secteur et pour sa restructuration, en procédant, notamment, au regroupement des associations de microfinance opérant dans une seule région afin d’assurer leur pérennité.

Les travaux du colloque ont porté sur plusieurs sous-thèmes traitant de la finance digitale, de la micro-assurance et des mécanismes de refinancement non publics. Ils ont également porté sur l’économie sociale et solidaire comme outil de développement. Des témoignages ont, par ailleurs, été présentés sur le travail et les expériences d’institutions et d’associations opérant dans ce domaine.

A la fin de ses travaux, mardi après-midi, le colloque doit définir les grands axes de la stratégie d’inclusion financière 2016-2020 et les jalons permettant d’aboutir à cette stratégie au dernier trimestre de l’année en cours.

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