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Pour alléger le fardeau économique et social des accidents de la route

Accident-Souk-Khamouda-Kasserine

Le terrible accident de Khamouda, à Kasserine, mercredi (16 morts et 60 blessés) pose à nouveau le problème du coût économique et social des accidents de la route en Tunisie. 

Par Amor Abbassi *

Le nombre de décès dus aux accidents de la circulation dans le monde était de 1,25 million en 2013 et demeure en stagnation en dépit de la croissance mondiale de la population de 4% et du nombre de véhicules à moteur de 16%.

Cette stabilisation du nombre des décès est essentiellement due aux actions menées en faveur de l’amélioration de la sécurité routière, notamment dans les pays évolués, au cours des dernières années, qui ont contribués à sauver des vies.

En revanche, le taux des décès liés aux accidents de la route dans les pays du tiers-monde ou en développement demeure relativement élevé et généralement en progression.

En Tunisie, les statistiques des accidents de la route, de leurs victimes et de leurs causes pour les années 2013, 2014 et 2015 sont résumées dans les tableaux suivants :

Accidents et victimes

Accidents-et-victimes

Causes des accidents 

Causes-des-accidents

Tous ces chiffres prouvent que conduire sur les routes en Tunisie reste un exercice très dangereux. Avec même toute la vigilance du monde, on n’est pas à l’abri d’un accident qui pourrait être grave ou quasiment mortel. L’inconscience globale ainsi que le non-respect du code de la route n’aident pas à baisser ces chiffres catastrophiques.

D’ailleurs, dans le court et le moyen terme, il n’y a aucune stratégie claire pour réduire la mortalité sur nos routes.

Si nous prenons la moyenne des trois années considérées, nous obtenons 8.025 accidents, 12.258 blessés, 1.492 décès.

Ces chiffres donnent un taux de décès rapporté à la population parmi les plus élevés dans le monde : 136 décès pour un million d’habitants, contre 45 seulement pour la Suède et les Pays- Bas.

Ces accidents engendrent des pertes inestimables en capital humain, sans compter les dégâts matériels, les frais de soins et de rééducation des blessés et les catastrophes sociales.

En nous fondant sur les données des statistiques françaises relatives à l’évaluation du coût d’un accident de la circulation routière pour l’année 2009(1), nous avons pu estimer que le fardeau économique annuel supporté par la collectivité nationale se chiffre à 6.694 millions de dinars tunisiens (MDT), sans compter celui induit par les retombées sociales.

Face à ce chiffre qui nous laisse perplexes, nous lançons un cri d’alarme au gouvernement pour l’inviter à réfléchir, concevoir et mettre en œuvre une stratégie globale, claire et efficace en vue d’améliorer la sécurité de la circulation routière et réduire en conséquence les pertes annuelles insupportables pour notre économie et la collectivité nationale.

* Ingénieur général du génie maritime.

Note :
(1)- Le coût moyen d’un accident de la circulation routière en France, calculé pour l’année 2009 a été de 1. 254.474 € pour chaque mort; 135.526 € pour chaque blessé hospitalisé, 5.421 € pour chaque blessé léger et 6.526 € pour chaque dégât matériel. Il en ressort que le coût moyen d’un accident corporel s’élève à 147.421 €.

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