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La Tunisie doit sortir du régime parlementaire imposé par Ennahdha

Pour un changement du système électoral en faveur du scrutin majoritaire à deux tours afin d’élire des députés compétents connus individuellement par les électeurs.

Par Abdelwahab Cherif *

Dans une déclaration publique récente, Yadh Ben Achour, éminent professeur de droit constitutionnel, a reconnu que le régime parlementaire tel qu’il fut voté par l’Assemblée nationale constituante (ANC) est à l’origine de la faiblesse avérée du pouvoir d’Etat actuel en Tunisie.

Ennahdha et son projet de destruction de l’Etat tunisien

A cela s’ajoute l’évidence d’une circonstance hautement aggravante : il s’agit de la dénégation par principe de la nation par Ennahdha qui cherche à ronger l’Etat de l’intérieur amplifiant l’espace politique et public qu’il occupe.

Agissant à double niveau par glissements tentaculaires au sein de l’administration publique, la société civile et, à la fois, facilitant les actions marginales menées en permanence par ses franges collatérales pseudo-religieuses, Ennahdha poursuit de toute évidence une stratégie qui vise sciemment l’affaiblissement de l’Etat. Ce faisant, ses agissements de l’ombre cherchent à créer le chaos propice à l’implantation de foyers terroristes déjà initiés sous le gouvernement de la Troïka, la coalition que le parti islamiste a conduite entre janvier 2012 et Janvier 2014.

De soubresauts en crises politiques et socio-économiques devenues chroniques, la violence fasciste de ses «enfants» a cherché à semer la terreur. Elle vise le corps militaire et policier, colonne vertébrale étatique, occasionnant déjà des martyrs parmi eux, ainsi que des crimes politiques d’Etat.

Le coup de grâce escompté contre l’Etat et la Nation est supposé intervenir à la suite du retour de ses troupes expédiées par milliers en Irak, Syrie et Libye, mercenaires aguerris.

Qui donc gouverne le pays ?

Pour revenir aux structures étatiques auxquelles le professeur Ben Achour fait allusion, mises en place par la nouvelle Constitution en dehors de toute tradition à l’appui, leur caractère fragmentaire mène de fait vers l’impasse. Avec un pouvoir tricéphale mal équilibré et peu coordonné: présidence de la république, gouvernement et Assemblée des représentants du peuple (ARP), d’aucuns se demandent à juste titre qui donc gouverne le pays.

Une telle confusion devrait pousser à une révision de la Constitution adoptée en janvier 2014. Et puisque nous nous essayons en toute candeur au jeu de la démocratie à l’occidentale, dans un contexte de transition aussi délicat à la suite de la révolution du 14 janvier 2011, I’ANC aurait dû méditer le choix entre trois modèles nets en vigueur dans ces pays occidentaux : soit un pouvoir détenu par le chef de la majorité issue des urnes à l’instar du système en vigueur en Allemagne; soit un régime présidentiel selon la Ve République en France avec des contre-pouvoirs définis; soit enfin le modèle parlementaire équilibré pratiqué depuis des décennies aux Etats-Unis avec à la clé, à titre préventif, la clause spéciale constitutionnelle nommée «impeachment».

Pour un scrutin majoritaire à deux tours

Par ailleurs, à la lumière de certaines dérives scandaleuses observées au sein de l’ANC et l’ARP, un changement du système électoral s’impose en faveur du scrutin majoritaire à deux tours afin d’élire des députés compétents connus individuellement par les électeurs.

De fait, le scrutin actuel par liste-fourre-tout a permis d’incorporer aux assemblées certains citoyens incompétents, impunément absentéistes, comiques ou muets, parfois même scandaleux, des parasites à la charge du contribuable.

Que les forces vives patriotiques veillent donc à l’intégrité de l’Etat et la pérennité de notre nation.

*Ancien diplomate.

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