Le mausolée du leader nationaliste feu Ali Belhouane, au cimetière El-Jallez, à Tunis, est profané et saccagé par des squatteurs, dans l’indifférence des autorités. C’est infamant…
Par Fathi Belaid
Ali Belhouane, militant nationaliste, a été l’une des grandes figures de la révolte du 9 avril 1938 ayant déclenché le mouvement d’insurrection national ayant conduit à l’indépendance de la Tunisie, le 20 mars 1956.
Feu Ali Belhouane, surnommé «leader des jeunes», grand défenseur des droits des Tunisiens à l’autodétermination depuis 1924, était l’une des figures marquantes du mouvement nationaliste en Tunisie et au Maghreb.
La profanation abjecte de son mausolée et le saccage de sa tombe, dont la stèle a été brisée en morceaux, sont des actes inexplicables et impardonnables, sans doute commis par des ignorants.
Le problème, car problème il y a, c’est que les responsables locaux, du conservateur du cimetière jusqu’au gouverneur de Tunis, sont bien au courant de l’état du mausolée, mais ils n’ont rien fait pour réparer les dégâts, par reconnaissance pour la mémoire de ce grand homme auquel la nation tunisienne est redevable.
Il faut dire que la dégradation ne concerne pas seulement le mausolée de Ali Belhouane, mais le cimetière d’El-Jallez dans son ensemble, mais si un léger mieux est perceptible, ces derniers temps, dans l’aspect général du cimetière, le mausolée du leader nationaliste, qui abrite aussi les tombeaux de membres de sa famille, continue de subir les dégradations infligées par des intrus, qui viennent le squatter, surtout pendant la soirée et la nuit, avec matelas et couettes, et j’en passe (décence oblige).
La commémoration des événements du 9 avril 1938 se déroule chaque année, depuis des décennies, en présence de personnalités politiques, avec fanfares, gerbes de fleurs et drapeau national… Mais la tombe de la principale figure de ces événements, Ali Belhouane, est malheureusement abandonnée et ignorée depuis la révolution de janvier 2011…
Biographie suscinte de Ali Belhouane :
Né le 13 avril 1909 à Tunis et décédé le 11 mai 1958, Ali Belhouane est issu d’une famille de notables tunisois. Diplômé du Collège Sadiki, en 1931, il poursuit ses études à la faculté des lettres de Paris et s’y spécialise en philosophie et lettres arabes, ce qui lui permet d’être recruté comme professeur au Collège Sadiki en 1935. Il s’efforce de susciter la conscience nationaliste chez ses élèves et s’engage dans le militantisme actif au sein du Néo-Destour. À partir de 1936, il se dévoue à la cause nationaliste et participe au congrès du Néo-Destour en 1937, ce qui lui vaut d’être démis de son poste de professeur.
En tant que responsable de la jeunesse du Néo-Destour, il conduit la manifestation du 8 avril 1938 qui revendique l’institution d’un parlement tunisien mais se voit arrêté et emprisonné, ce qui contribue à une fusillade faisant plusieurs dizaines de morts à Tunis lors des événements du 9 avril 1938. Libéré, il est chargé en 1943 de l’organisation des structures du Néo-Destour et de la formation de ses cadres. Avec le déclenchement de la révolte armée en 1952, il se rend successivement en Irak et en Égypte pour recueillir des soutiens à la cause nationaliste. Il participe aussi aux négociations menant à l’autonomie puis joue un rôle prépondérant dans l’organisation du congrès du Néo-Destour tenu en novembre 1955 et qui scelle la rupture avec Salah Ben Youssef.
Après l’indépendance, Belhouane est nommé chef du service de promotion sociale du Néo-Destour. Il est élu le 25 mars 1956 comme représentant de la région de Thala-Sbeïtla à l’assemblée constituante puis, le 5 mai 1957, comme maire de Tunis.
Il représente occasionnellement la Tunisie lors de rencontres internationales, à l’instar de la session de l’ONU en 1956, de la conférence afro-asiatique du Caire en décembre 1957, de la conférence des peuples musulmans de Lahore ou encore du congrès de Tanger en avril 1958.
Il décède le 11 mai 1958 à l’âge de 49 ans.
Source: Wikipedia
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