Les perspectives du secteur bancaire tunisien en 2019 sont négatives, reflétant la perspective de liquidités toujours tendues, des coûts de financement en hausse, et une faible activité économique.
Par Amina Mkada
Fitch Group est un des leaders mondiaux de services d’information financière, présent dans plus de 30 pays. Il est composé entre autres, de Fitch Ratings (FR), un des leaders mondiaux de notation et de recherche de crédit.
Faible confiance du public dans les banques
La Banque centrale de Tunisie (Bct) a introduit un plafond de 120% sur les ratios prêts/dépôts des banques à compter de décembre 2018, ce qui devrait ralentir la croissance des prêts et libérer des liquidités. Mais il ne résoudra pas le problème des entrées de dépôts modestes, en raison de la faible confiance du public dans les banques, de la forte inflation et des craintes d’une nouvelle dépréciation du dinar, estime FR.
De nombreuses banques dépendent de la BCT pour leur financement. Elles sont exposées à de nouvelles hausses du taux d’intérêt. Les taux débiteurs sont plafonnés, tandis que les coûts de financement pourraient augmenter, à mesure que l’émission d’obligations devient plus chère, et que les taux de dépôt rémunérés augmentent (bien que la prédominance des dépôts non rémunérés en atténue l’impact). Le taux de la BCT est déjà passé de 4,25% à 6,75%, depuis la fin du 1er trimestre 2017.
Les taux débiteurs sont soumis à un plafond, le «taux excessif global», de 12,3%. FR prévoit une augmentation de ce montant en 2019, mais ne pense pas que cette augmentation va se maintenir, au même rythme que les taux directeurs de la BCT.
Le ratio des prêts improductifs sur le total des prêts du secteur bancaire tunisien est élevé par rapport aux normes internationales, et les améliorations depuis 2015 pourraient s’inverser en 2019, en raison de tensions sur l’environnement économique et le climat des affaires.
Secteurs les plus risqués : crédit à la consommation, hôtellerie et immobilier
Les efforts de la BCT pour restreindre le crédit pourraient entraîner une augmentation des prêts douteux, les emprunteurs estimant qu’ils ne sont pas en mesure de les renouveler, et une éventuelle hausse des taux d’intérêt pourrait rendre plus difficile le service de la dette. Les secteurs les plus risqués sont le crédit à la consommation, l’hôtellerie et l’immobilier.
La réforme du secteur bancaire tunisien, entreprise conjointement avec le FMI, reste lente. De nouvelles exigences prudentielles seront imposées en 2019, afin de contenir certains aspects du risque de marché. Mais il faudra probablement plusieurs années, estime FR, avant que le contrôle bancaire tunisien n’atteigne un niveau qui améliorerait considérablement la qualité du crédit bancaire.
(Avec Fitch Ratings).
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