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Dream City 2019 : L’art au service du rêve et de la réflexion

La biennale d’art pluridisciplinaire Dream City a démarré le 4 octobre 2019 et se poursuit jusqu’à ce dimanche (13 octobre) dans de nombreux espaces de la Médina de Tunis et de ses environs. Cette année encore, le festival a réussi à réunir des artistes de tous les horizons et un public toujours fidèle au rendez-vous.

Par Fawz Ben Ali

L’association L’Art Rue qui organise Dream City depuis l’année 2007 a pour premier objectif de démocratiser l’art, de le rendre accessible à tous les publics et d’inscrire la création artistique dans les combats sociétaux.

Se connecter avec les lieux

Dream City qui arrive cette année à sa 7e édition s’est démarqué depuis sa création du reste des festivals et événements culturels et artistiques grâce à un concept inédit et décalé : sortir l’art des lieux conventionnels et faire de la Médina une sorte de laboratoire de création pour des artistes qui viennent de cultures et de disciplines différentes. Ces artistes sont d’ailleurs appelés à sortir de leur zone de confort, car le principe est de créer des œuvres contextuelles; ainsi, aucun artiste ne vient avec un projet préconçu.

Des résidences artistiques de plusieurs mois sont donc organisées afin de permettre aux artistes de se connecter avec les lieux, de s’inspirer du patrimoine historique, architectural et culturel de la Médina, et parfois même faire participer ses habitants, notamment les jeunes qui deviennent assistants et acteurs dans les différents projets.

Dans sa volonté d’instaurer un lien fort entre la création artistique et la transformation sociale, Dream City a tenu à relancer l’expérience «Les ateliers de la ville rêvée» qui a vu le jour en 2017 et qui a permis à des chercheurs, des penseurs, des universitaires, des artistes et des acteurs de la société civile de se réunir autour de sujets actuels et de souligner ainsi la place primordiale de l’art dans la construction d’un Etat de droit et d’une société juste et moderne.

Cette année, la bibliothèque Khaldouniya a accueilli une série de conférences-débats animées par le philosophe belge Eric Corijn et dont la première rencontre a été consacrée au thème des inégalités sociales, en présence de la chercheuse et politologue Olfa Lamloum qui a évoqué surtout l’exemple de Douar Hicher et Cité Tadhamon, à la lisière de Tunis, qu’elle a étudié de très près, et où on retrouve un taux supérieur à la moyenne en termes d’abandon scolaire, de chômage, d’infrastructure défaillante…

Dans un milieu où les jeunes souffrent entre autres de stigmatisation (les forces de l’ordre leur réservent d’ailleurs une gestion particulièrement agressive), et où le risque de radicalisation religieuse est très fort, il n’y a toujours pas de salle de cinéma, de théâtre, de maison de culture, et presque pas d’espace de mixité.

La chasse aux œuvres

Parmi les intervenants à ce débat, était présent l’artiste chorégraphe burkinabé Serge Aimé Coulibaly qui a également évoqué cette absence de l’Etat dans les quartiers défavorisés où les jeunes manquent d’espaces culturels et sportifs. Les choses changent souvent depuis l’intérieur, c’est-à-dire à travers le citoyen lui-même et rarement de l’extérieur, en l’occurrence l’Etat et ses institutions.

Serge Aimé Coulibaly participe à cette édition avec une performance de danse qu’il a appelée ‘‘Imedine’’ qu’il a conçue avec 15 jeunes habitants de la Médina qui n’ont jamais fait de danse de leur vie et dont beaucoup n’ont pas fait d’études non plus. Le chorégraphe burkinabé a monté une chorégraphie qui traduit le quotidien de ces jeunes : leurs rêves, leurs ambitions et leurs angoisses … Un spectacle de 45 minutes que l’artiste était très fier de représenter à l’espace de la medersa Asfouria et qui a permis à ces jeunes de reprendre confiance en eux, d’appréhender l’avenir autrement et de se réapproprier leur Médina.

Dream City c’est aussi les spectacles et les concerts de rue, de jour comme de nuit, une occasion de voir les ruelles et les moindres coins de la Médina plus animés que jamais. Car participer à ce festival, c’est un peu comme s’aventurer dans une chasse aux œuvres, ainsi, une ambiance très particulière s’installe dans toute la Médina et les habitants et commerçant n’hésitent jamais à servir de guide aux festivaliers pour retrouver un palais, une vieille maison, une ancienne imprimerie, une place, ou une impasse…

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